LA FRANCE VA RESTITUER LES ŒUVRES D’ART PILLÉES AU BÉNIN, MAIS PAS AU GABON

Réunis en séance publique le mardi 06 octobre 2020, les députés français ont voté à l’unanimité la restitution des œuvres d’art volées pendant la colonisation à deux pays africains : le Bénin et le Sénégal. Contrairement au Gabon, ces deux pays avaient formellement demandé aux autorités françaises le droit de récupérer cette partie importante de leur histoire culturelle.

Le débat sur la restitution des œuvres pillées par les colonisateurs avait pris un tournant décisif en novembre 2017 lorsque le Président français Emmanuel Macron, alors en visite d’Etat au Burkina Faso, s’était engagé à restituer à l’Afrique son patrimoine. Gabriel Attal, porte-parole du Gouvernement français, avait déclaré : « Cette restitution correspond à un engagement très fort pris par le président de la République pour que la jeunesse africaine ait la possibilité d’accéder à son patrimoine, à son histoire, en Afrique. »

Cette annonce n’avait pas été suivie d’effets immédiats. Il a fallu attendre le 15 juillet 2020 pour qu’un premier projet de loi sur la restitution par la France à des pays africains d’œuvres culturelles prises pendant la colonisation soit présenté au Conseil des ministres. Selon les termes de ce projet de loi, la France s’engageait à procéder à la restitution d’un sabre historique au Sénégal et, dans les prochains mois, de 26 objets du patrimoine au Bénin.

Aucune mention du Gabon, du Cameroun ni même du Tchad qui compte le plus grand nombre d’œuvres d’art qui croupissent dans les sous-sols des prestigieux musées français. Pourtant, en mars 2020, le dossier sur la restitution des œuvres d’art pillées au Gabon par la France semblait être sur la bonne voie. Répondant à une polémique sur l’incapacité des capitales africaines à conserver ce patrimoine, le Ministre d’Etat Alain Claude Bilie By Nze alors en charge de la Culture avait déclaré au journal Jeune Afrique : « Nous travaillons avec les responsables du musée du Quai Branly, à Paris, à la formation de notre personnel, l’objectif étant d’assurer la sécurité et la bonne conservation des œuvres » avant de poursuivre : « Le Gabon n’ayant pas de culture muséale, nous envisageons de construire plusieurs petits établissements à travers le pays afin d’attirer un public le plus large possible. Mais nous souhaitons aussi mettre en place une politique d’échanges des musées du monde entier » qu’en est-il aujourd’hui, alors que le musée national Gabonais n’est pas encore inauguré selon les propos de l’actuel patron de la Culture, le Ministre Michel Menga.
 

En septembre 2018, le Gabon avait reçu en présence de Stéphane Martin, président du musée du Quai Branly, une partie des œuvres exposées dans ce musée, il s’agissait  notamment de deux masques des communautés Obamba (groupe ethnique du sud-est du Gabon) et Kota (groupe ethnique du nord-est du Gabon, ainsi que deux autres œuvres originaires de la province de la Ngounié (sud) et du Congo. 

Pour information, le musée du Quai Branly abrite près de 70 000 œuvres, dont les deux-tiers acquises durant la période 1885-1960 au Tchad, Cameroun, Madagascar, Mali, la Côte-d’Ivoire, le Bénin, l’Éthiopie, Gabon et Congo.
 

Cette absence nominative du Gabon dans le projet de loi sur la restitution par la France à des pays africains et dans la conclusion du vote de ce 06 octobre 2020, peut laisser suggérer que le Gabon n’a pas souhaité récupérer ses œuvres d’art, donc une part de son histoire. Une situation que le ministère de la Culture gagnerait à expliquer à l’opinion publique dans les plus brefs délais.

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