Bilie-By-Nze brise le silence : Vérité, réconciliation et « mensonges » du régime en place

Dans une récente interview vidéo, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze a réitéré son appel à la création d’une Commission vérité-réconciliation pour faire la lumière sur des événements marquants de l’ère Ali Bongo. De la crise post-électorale de 2016 aux réalisations économiques du régime déchu, Bilie-By-Nze revient sur une série de polémiques qui continuent de peser sur la mémoire collective du Gabon, tout en plaidant pour la clarification des responsabilités.

Depuis la sortie de son ouvrage « Awu m’awu, oser l’espérance pour un autre Gabon », l’ancien Premier ministre multiplie les sorties médiatiques. Dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux, il critique ce qu’il appelle les distorsions historiques concernant les projets réalisés sous Ali Bongo, récupérés par l’actuel gouvernement. Il accuse le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) de manipuler les faits pour occulter les efforts fournis par l’ancien régime. Il cite, par exemple, les châteaux d’eau construits sous son autorité, dont l’achèvement, selon lui, a été faussement attribué à l’actuelle administration.

Crise post-électorale de 2016 : le poids des morts et des responsabilités

Le cœur de la polémique reste cependant la crise post-électorale de 2016, marquée par la répression sanglante des contestations populaires. Bilie-By-Nze, alors porte-parole du gouvernement, a annoncé à la télévision le décès d’une seule personne, un chiffre qu’il justifie par les informations fournies par les autorités policières et militaires. Cependant, le bilan officiel a ensuite évolué, atteignant huit morts. Refusant d’être le seul à porter cette responsabilité, il appelle à une enquête approfondie sur les ordres donnés durant cette période, notamment pour identifier la chaîne de commandement militaire et déterminer si des charniers supposés existent réellement.

Le besoin impératif d’une Commission vérité-réconciliation

Pour l’ancien Premier ministre, la solution pour sortir de l’ombre ces zones d’incertitude passe par la mise en place d’une Commission vérité-réconciliation. Il rappelle que la sénatrice Paulette Missambo avait évoqué cette possibilité, avant de se taire sur le sujet. Pour Bilie-By-Nze, il est crucial que cette Commission explore les accusations de charniers, la gestion des forces de sécurité en 2016, et surtout, qu’elle examine le nombre réel de morts.

Il insiste : « Je refuse de porter le chapeau cette fois-ci. Il est temps que la vérité éclate, et je demande qu’on me libère de mon serment pour que je puisse tout dire. » L’ancien Premier ministre réfute toute implication directe dans la chaîne de commandement militaire de 2016, rappelant qu’il n’était ni ministre de la Défense ni de l’Intérieur à l’époque.

Crimes économiques : la nécessité de rendre des comptes

Outre les événements de 2016, Bilie-By-Nze demande également que la Commission aborde la gestion économique du pays sous le régime Ali Bongo. Le Gabon, aujourd’hui accablé par une dette colossale estimée à plus de 7000 milliards de francs CFA, doit, selon lui, obtenir des réponses sur la destination des fonds publics. Il appelle ceux qui étaient aux commandes à l’époque à « rendre compte » des crimes économiques présumés.

Un acteur au cœur de la scène politique gabonaise

Malgré les critiques acerbes à son encontre, Alain-Claude Bilie-By-Nze reste un acteur incontournable du paysage politique gabonais. Il prévoit de se rendre dans les quartiers et villes du pays pour expliquer sa vision d’un « nouveau Gabon » et clarifier ses positions, notamment sur la gestion de l’ère Bongo. Son appel à la vérité, à la justice et à la réconciliation marque une étape importante dans le débat national sur la mémoire et l’avenir du pays. 

Dans un contexte de transition politique délicat, où le passé récent reste un enjeu de divisions, la proposition d’Alain-Claude Bilie-By-Nze soulève une question fondamentale : le Gabon est-il prêt à affronter sa propre vérité pour mieux se reconstruire ?