Le Challenge Ville Propre, récemment lancé à Libreville, semble n’être qu’une répétition des initiatives de l’ancien régime qui ont échoué à résoudre durablement le problème d’insalubrité de la capitale. Malgré les bonnes intentions et le soutien de partenaires, cette compétition pourrait subir le même sort que les projets antérieurs, victimes d’un manque de rigueur dans la gestion des déchets, du laxisme des autorités, et de l’incivisme persistant des habitants. Sans solutions structurelles comme la création d’une nouvelle décharge et une gestion plus stricte, cet énième projet risque de n’être qu’un plagiat voué à l’échec.
L’Initiative Louable du « Challenge Ville Propre
Lancé le 17 septembre avec le soutien de Moov Africa Gabon télécom, le Challenge ville propre se veut un moteur de changement à Libreville. Pendant deux mois, les six arrondissements de la capitale sont invités à se mobiliser pour améliorer la gestion des déchets, nettoyer les espaces publics et promouvoir le civisme. Du matériel de nettoyage a même été mis à disposition pour encourager la participation active des habitants et des associations locales.
Cependant, l’histoire récente de la ville nous enseigne que ces efforts risquent d’être de courte durée sans un engagement soutenu et une gestion rigoureuse. En 2021, un concours similaire avait été organisé sous le mandat de Christine Mba Ndutume. Malgré un constat initial encourageant, les améliorations apportées se sont vite effacées, laissant la ville dans une situation encore plus critique. Ce précédent montre que sans une stratégie à long terme, ces initiatives, bien que partant d’une bonne intention, risquent de connaître le même sort.
Les Obstacles Persistants : Laxisme et Incivisme
Les échecs passés trouvent souvent leur origine dans le laxisme des autorités face à une population majoritairement non sensibilisée au civisme. Malgré les rappels à l’ordre, l’absence de sanctions réelles contre les comportements inciviques laisse prospérer l’anarchie en matière de gestion des déchets. L’abandon d’immondices dans les rues, l’absence de tri sélectif et le non-respect des infrastructures de propreté sont monnaie courante. La mairie de Libreville, bien qu’active, semble avoir du mal à maintenir une présence régulière et stricte pour assurer le respect des normes.
La société Clean Africa, en charge de la propreté de la ville, a elle-même été pointée du doigt pour sa mauvaise gestion. Une réorganisation plus rigoureuse est impérative, tant au niveau des partenariats que de la gestion quotidienne des opérations de nettoyage. Si le travail de Clean Africa ne s’améliore pas rapidement, les efforts entrepris risquent de devenir des « coups d’épée dans l’eau ».
Une Solution Durable : Des Infrastructures et une Nouvelle Décharge
L’autre problème majeur auquel Libreville fait face est la saturation de la décharge de Mindoubé, qui atteint aujourd’hui des niveaux alarmants. L’absence d’une nouvelle décharge aggrave la situation, les déchets continuant de s’accumuler sans solution pérenne. Le gouvernement gabonais doit impérativement investir dans la création d’une nouvelle décharge moderne et écologique, tout en développant un système efficace de collecte et de tri des déchets.
En outre, la mise en place de stations de tri et de recyclage dans chaque arrondissement pourrait non seulement réduire l’impact environnemental, mais aussi créer des emplois locaux. Des pays voisins ont prouvé que cette démarche est non seulement faisable mais rentable à long terme.
Le Challenge ville propre et le concours de l’arrondissement le plus propre sont des initiatives importantes mais temporaires. Pour une transformation durable, les autorités doivent s’attaquer aux racines profondes du problème : le manque de civisme, l’insuffisance des infrastructures et le laxisme dans la gestion des déchets. Seule une approche globale, incluant des investissements dans une nouvelle décharge et un système de gestion moderne, ainsi qu’une application stricte des lois, permettra à Libreville de retrouver son éclat et de répondre aux aspirations de ses citoyens.