LIBREVILLE, GABON (medias241.com)- Le conseil des ministres du 21 décembre a marqué l’accord du Gabon pour la ratification du compromis portant saisine de la Cour Internationale de Justice (CIJ) relatif au différend frontalier entre le Gabon et la Guinée équatoriale sur l’Ile Mbanié et les Ilots voisins de Cocotiers et Conga.
«Le compromis entrera en vigueur quand chaque partie aura notifié à l’autre l’aboutissement de ses procédures internes», précise Guy Rossatanga Rignault, secrétaire permanent de la Commission nationale sur le différend Gabon/Guinée équatoriale.
Présentation du « différend »
L’objet du litige entre le Gabon et la Guinée Equatoriale repose sur les revendications contradictoires que les deux pays ont sur la délimitation de la frontière maritime et la souveraineté sur les ilots cités-dessus. C’est la problématique de souveraineté desdites îles qui est ainsi posée entre les deux pays car les deux Etats ont une interprétation divergente et se font une représentation respective du tracé de leur domaine maritime dans la baie de Corisco.
C’est précisément au début des années 1970 que le Gabon, dans le but de protéger ses intérêts pétroliers et de préserver l’activité halieutique nationale contre les navires étrangers, procède à l’extension de la limite de ses eaux territoriales, au-delà des 12 milles nautiques initiaux, pour la porter à 25 milles marins le 5 octobre 1970. De l’autre côté, la Guinée équatoriale en fait de même. Puis, par étapes, le Gabon se dote d’une zone économique exclusive de 200 milles marins en juillet 1984. Or la modification de la largeur des eaux territoriales, au-delà des 12 milles nautiques, signifie en droit, l’extension de la souveraineté gabonaise aux îlots de la toute baie de la Mondah.
Dans les faits, elle eut pour conséquence l’occupation, le 23 août 1972, par la gendarmerie gabonaise, des trois îlots jusque-là inhabités situés à quelques 18 kilomètres des côtes continentales gabonaises dans la baie dite de Corisco. Ces îlots constituent des bancs de sable émergés, situés à équidistance de la côte gabonaise et de l’île équato-guinéenne de Corisco.
En 1972, le Président Omar Bongo Ondimba du Gabon s’est rendu à l’ile Mbanié pour y planter le drapeau national. Ceci a généré de vives tensions entre les deux pays. C’est précisément à cette date que remontent les prémisses du différend frontalier entre les deux Etats.
Le différend sera ainsi soumis aux bons offices des Présidents Marien N’Gouabi du Congo et Mobutu, sous l’égide de l’Organisation de l’Unité Africaine : OUA et abouti à la signature de la convention de Bata du 12 septembre 1974.
Aux termes des dispositions de l’article 3 de la convention du 12 septembre 1974, les hautes parties contractantes, en l’occurrence le GABON représenté par Albert Bernard BONGO, et la GUINEE EQUATORIALE, sous la signature de Don Francisco Macias NGUEMA BIYOGO, ont clairement établi : Les hautes parties contractantes reconnaissent, d’une part, que l’île Mbanié fait partie intégrante du territoire de la République gabonaise, et d’autre part, que les îles Elobeys et Corisco font partie intégrante du territoire de la République de Guinée Equatoriale.
Le conflit latent refait surface le 02 février 2003 à l’issue de la visite médiatisée du Ministre gabonais de la Défense, Ali Bongo Ondimba dans l’îlot de Mbanié.
Pour le Gabon, la possession de ces trois îlots permet également de redimensionner son étendu maritime. L’extension par les deux Etats de leurs eaux territoriales, au-delà des 12 milles nautiques, entraîne des chevauchements réciproques de leur territoire maritime, ce qui a crée le litige maritime qui prévaut depuis.
Dans cet esprit, chaque pays entreprend, de délivrer des concessions de prospection pétrolière à des sociétés occidentales, dans une partie du territoire maritime de son voisin.
De fait, l’analyse des trois variables géopolitiques convoqués dans la compréhension du différent permet d’en justifier les causes. Le contrôle et la gestion des ressources dont sont dotés ces espaces et frontières constituent la source du différend
Précisions
L’accord de l’exécutif intervient un an après qu’Ali Bongo Ondimba et le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, aient signé à Marrakech en novembre 2016, le compromis devant être soumis à la CIJ au sujet de ce conflit frontalier.
L’examen des documents juridiques versés par chaque partie permettra à la justice internationale de se prononcer sur la délimitation de la frontière maritime et terrestre entre le Gabon et la Guinée équatoriale et d’établir la souveraineté de l’une ou l’autre partie sur les îles Mbanié, Conga et Cocotiers.