CEMAC: Les perspectives économiques s’améliorent, mais des progrès plus rapides sont nécessaires

LIBREVILLE, GABON (medias241.com)- Dans un communiqué de presse portant sur la Sous-région CEMAC ainsi que le rapport  de la Zone CEMAC approuvé  par le Conseil d’Administration du Fonds Monétaire International en date du 10 Juillet 2018 et envoyé aux medias ce 14 Août, la Représentation du FMI au Gabon indique que, les perspectives économiques s’améliorent, mais des progrès plus rapides sont nécessaires .

In extenso, ledit communiqué.

«La situation économique et financière de la Communauté économique et monétaire centrafricaine (CEMAC) – Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Guinée équatoriale, Gabon et République du Congo – s’est améliorée au cours de l’année écoulée, mais les perspectives restent fragiles. Même si des progrès ont été réalisés en matière de réformes, la croissance reste bien inférieure au potentiel et il reste nécessaire de réduire encore les déséquilibres qui ont suivi la baisse des prix du pétrole en 2014.

 La dernière évaluation économique du FMI sur la CEMAC examine comment la région peut surmonter certains de ces défis. Joël Toujas-Bernate dirige l’équipe d’économistes du FMI qui a rédigé le rapport et le FMI Country Focus s’est entretenu avec lui pour discuter de leurs conclusions.

 Quelles sont les perspectives économiques pour la région CEMAC?

 La situation économique de la CEMAC s’est améliorée mais reste fragile. Selon les dernières projections du FMI, la croissance devrait atteindre environ 2¾% en 2018, contre un peu moins de 1% en 2017. Cette augmentation résulterait principalement d’un rebond de la production pétrolière (6% en 2018 après moins 3% en 2017); la croissance du secteur non pétrolier resterait relativement faible (environ 2%).

 Parallèlement, les déséquilibres budgétaires et extérieurs de la région ont été réduits grâce aux efforts d’assainissement budgétaire, à la hausse des prix du pétrole et au resserrement de la politique monétaire de la banque centrale et à l’application plus stricte des réglementations.

 Cependant, malgré la croissance plus forte et l’amélioration significative du déficit de la balance courante, la position extérieure de la CEMAC reste faible. Après s’être stabilisé en 2017, les réserves extérieures régionales ont été inférieures aux objectifs en 2018 malgré la hausse des prix du pétrole.

 À l’avenir, de nouvelles améliorations de la situation économique et financière sont attendues, mais cela suppose la pleine mise en œuvre des engagements politiques des États membres et des institutions régionales de la CEMAC.

 Quels sont les risques pour cette perspective?

 Cette perspective est soumise à des risques importants. Par exemple, les réformes budgétaires ont été plus faibles face aux pressions politiques (notamment dans les pays qui ont tenu des élections cette année). Un renversement des prix du pétrole exercerait une pression supplémentaire sur les soldes budgétaires et extérieurs (bien que ce risque ait diminué dans le contexte actuel de hausse des prix du pétrole).

 La détérioration de la situation sécuritaire pourrait également avoir une incidence négative sur l’activité économique. Les conditions de sécurité ont déjà empiré en République centrafricaine et pourraient être exacerbées par la situation économique et sociale difficile. En outre, un appui budgétaire externe inférieur aux prévisions est un facteur de risque. Afin de s’assurer que ce risque ne se matérialise pas, les autorités nationales devront veiller à ce que les conditions pour bénéficier de l’aide extérieure continuent à être satisfaites sans délai.

 La récente hausse des prix du pétrole ne devrait-elle pas aider?

 Oui, mais la récente augmentation des prix du pétrole ne devrait pas conduire à la complaisance. Étant donné les risques importants pour les perspectives et la situation financière toujours fragile de la région, les recettes publiques supplémentaires résultant de la hausse des prix du pétrole devraient être principalement épargnées et utilisées pour réduire la dette et accroître les réserves et / ou rembourser les arriérés intérieurs.

 L’ajustement ne nuit-il pas aux pauvres, par exemple, certains gouvernements ont décidé de réduire les salaires?

 Les programmes soutenus par le Fonds dans la région de la CEMAC visent à rétablir la stabilité macroéconomique et à créer des espaces pour accroître les dépenses d’investissement et les domaines sociaux prioritaires contribuant à réduire la pauvreté, notamment les dépenses de santé et d’éducation. Dans le même temps, les salaires dans de nombreux pays de la CEMAC sont souvent plus élevés que dans les pays de comparaison. Il est donc essentiel que les gouvernements limitent la masse salariale à un niveau raisonnable compatible avec les ressources de chaque gouvernement, afin de laisser la place aux investissements publics et aux domaines sociaux prioritaires.

 Quelles sont les recommandations politiques pour la région CEMAC?

 Les efforts visant à renforcer les positions budgétaires des pays doivent se poursuivre comme prévu, tout en protégeant les dépenses sociales. Le FMI est encouragé par le fait que les autorités se soient engagées à corriger les récents dérapages budgétaires observés dans certains pays. À l’avenir, il sera également important de renforcer le cadre de convergence régional pour assurer une viabilité budgétaire durable.

 La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) doit être prête à agir aux côtés des autorités nationales, notamment en resserrant la politique monétaire, si les réserves continuent à ne pas atteindre les objectifs. Les États membres doivent soutenir les efforts déployés par les institutions régionales pour renforcer et mieux appliquer la réglementation des changes. Un respect accru de ces réglementations, y compris le rapatriement des devises par les industries extractives, est essentiel pour rétablir un niveau adéquat de réserves internationales.

 Que fait le FMI pour aider à résoudre les problèmes de gouvernance et de corruption dans la région?

 Les programmes soutenus par le FMI dans la région de la CEMAC sont conçus pour aider à maintenir la stabilité macroéconomique et à soutenir la croissance inclusive. Dans ce contexte, les programmes mettent l’accent sur des mesures qui accroîtront la transparence et la bonne gouvernance, notamment la comptabilisation des recettes pétrolières, l’élimination des dépenses extrabudgétaires, le respect des procédures de dépenses et la divulgation transparente des informations.

 Mais la responsabilité ultime d’assurer la bonne gouvernance et la transparence des pratiques gouvernementales repose sur les pays eux-mêmes, pas seulement le gouvernement mais aussi le Parlement, la société civile et le système judiciaire».

 

 

 

 

 

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