ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR : 754,6 MILLIONS POUR ACHETER DES ORDINATEURS ?

Alors que 89 % des apprenants n’ont pas accès aux ordinateurs et 82 % n’ont pas Internet, le ministère de l’Enseignement supérieur réclame 754,6 millions pour « digitaliser » l’enseignement à la rentrée du 14 septembre 2020.

Selon Frédéric Tom Mambenga, secrétaire général de ce département ministériel, des « ajustements » sont nécessaires pour une reprise de cours dans les établissements supérieurs au Gabon. Un besoin curieux alors que le ministère bénéficie d’un budget de fonctionnement pour équiper ses universités et grandes écoles.

La digitalisation de l’enseignement supérieur est un projet vaste, déjà énoncé plusieurs fois par les autorités des ministères de l’enseignement supérieur et de l’éducation nationale. Un projet que le ministère de l’Enseignement ne saurait porter seul dans son coin, non seulement par ce qu’il n’en pas les compétences, mais aussi parce que l’enseignement à distance ne se résume pas à l’achat de quelques caméras, et ordinateurs.

La numérisation de l’administration publique étant une compétence exclusive de l’agence nationale des infrastructures et des fréquences (ANINF) dont les équipes sont capables de mettre en place des solutions à moindre coût loin des arrangements de gré à gré, le ministère de l’enseignement ne gagnerait-il pas à amorcer une discussion avec cet organisme public ?

Est-il seulement pertinent d’engager près d’un milliard dans des « ajustements » dont peut d’avance prédire par expérience l’inefficacité ? La réponse est près du non que de l’affirmative.

Une réponse confortée par la structure du Budget : 120 millions pour l’acquisition de studio de production des cours, alors que le gouvernement dispose d’établissements publics à même de fournir l’environneement technique adéquat, 450 millions pour l’acquisition de matériels informatiques, alors que la plus grande université du Gabon est dépourvu d’un portal internet, ou d’un simple domaine, 115 millions pour former des enseignants à l’usage d’un ordinateur, et bien entendu les sempiternels perdiem sans quoi rien ne se fait, soit 30 millions pour une commission de pilotage.

Ce projet à l’évidence mal ficelé, gagnerait à faire l’objet d’une réelle réflexion plus poussée que la seule élaboration d’un budget.

Maxime OWONO

Livraison
Urban FM