Forum sur la TNT : En retard de 10 ans, le Gabon veut s’arrimer aux normes internationales de l’audiovisuel

Le Gabon amorce un tournant stratégique dans son secteur audiovisuel. Lors du Forum sur la Télévision Numérique Terrestre (TNT) et l’Innovation Audiovisuelle, ouvert ce 16 octobre à Libreville, le gouvernement de transition, sous la houlette de Raymond Ndong Sima, Premier Ministre, et de Laurence Ndong, Ministre de la Communication et des Médias, a réaffirmé son engagement à moderniser le paysage audiovisuel national. Cet événement intervient dans un contexte marqué par un retard de près d’une décennie dans la migration vers la TNT, une technologie que l’Union Internationale des Télécommunications avait imposée à ses États membres dès 2015.

Un retard à combler pour éviter les sanctions

En ouverture du forum, le Premier Ministre a dressé un état des lieux préoccupant : « Nous avons près de dix ans de retard dans la mise en œuvre de cette technologie. La migration vers la TNT n’est pas seulement une obligation internationale, mais une opportunité de transformation pour l’ensemble du secteur audiovisuel. » Il a souligné les risques de sanctions potentielles de la part des instances internationales si le Gabon ne rattrape pas ce retard, tout en mettant en avant les bénéfices immédiats que la TNT pourrait offrir : « C’est une chance unique pour améliorer la qualité de la diffusion, garantir un accès élargi à l’information et rendre nos programmes plus diversifiés et accessibles à tous. »

La TNT, dont la mise en œuvre au Gabon aurait dû être achevée en 2015, permettrait aux chaînes de télévision d’offrir une meilleure qualité d’image et de son tout en optimisant la couverture du territoire national. Cependant, comme l’a rappelé Laurence Ndong dans son allocution, « ce retard prive les Gabonais des nombreux avantages qu’apporte cette technologie, et expose notre pays à des sanctions internationales. »

Un secteur à réinventer

Le secteur audiovisuel gabonais, composé d’une télévision publique et de nombreuses chaînes privées, souffre d’un manque de modernisation. La faible qualité de diffusion, des contenus souvent redondants et le manque de diversité culturelle dans les programmes sont régulièrement critiqués par les consommateurs. Le passage à la TNT est perçu comme une réponse nécessaire à ces problématiques, ouvrant la voie à une amélioration technique, mais aussi à une revalorisation des contenus.

Pour remédier à cette situation, le ministère de la Communication, en partenariat avec l’opérateur AUCOM, a relancé les discussions pour la mise en œuvre de cette transition technologique. « Nous avons aujourd’hui une solution viable pour une migration réussie vers la TNT », a assuré la ministre de tutelle. Selon elle, AUCOM, reconnu pour son expertise internationale, mettra en place une infrastructure permettant une meilleure réception des signaux audiovisuels, même dans les zones les plus reculées du pays. 

Une opportunité pour les contenus locaux

Le Premier Ministre a également souligné l’importance de la TNT pour le développement des contenus locaux. « La migration ne doit pas se limiter à un simple changement de mode de diffusion. Elle doit aussi permettre la création de programmes qui reflètent notre culture, notre diversité et nos valeurs. » Il a insisté sur le rôle central que pourraient jouer les productions nationales dans cette nouvelle ère médiatique, appelant à davantage d’investissements et à une collaboration entre le secteur public et privé pour dynamiser la création audiovisuelle locale.

Dans cette optique, les Journées de Contenus Audiovisuels (JCAV), prévues dans les prochains jours, seront l’occasion de présenter les résultats des ateliers menés par des experts du secteur, visant à repenser les grilles de programmes. Les objectifs de ces journées sont clairs : améliorer la qualité des contenus et stimuler l’innovation, tout en assurant une meilleure représentation des différentes communautés et cultures gabonaises.

Les défis de l’infrastructure

Si la TNT promet une révolution dans le secteur audiovisuel, plusieurs défis restent à relever. Le Premier Ministre a ainsi rappelé la nécessité de moderniser les infrastructures de diffusion, notamment dans les zones rurales, où l’accès à l’électricité et à Internet est encore limité. « Il est impératif que cette transition technologique bénéficie à tous, sans exclusion. Nous devons investir dans les infrastructures pour garantir que chaque Gabonais, où qu’il soit, puisse profiter des bienfaits de la TNT. »

Le gouvernement s’est également engagé à lancer une vaste campagne de sensibilisation et d’information auprès du grand public pour accompagner cette transition, afin d’éviter toute résistance liée à une méconnaissance des enjeux et des avantages de la TNT.

Un secteur en quête de relance économique

Enfin, cette transition est aussi perçue comme une opportunité économique majeure. Avec la TNT, de nouvelles perspectives s’ouvrent pour les entreprises locales dans la production de contenus, créant ainsi des emplois et dynamisant un secteur en quête de renouveau. « Cette migration est un levier de développement économique et culturel pour le Gabon », a affirmé Laurence Ndong, en mettant l’accent sur les opportunités qu’offrira la TNT pour les jeunes créateurs et les professionnels des médias.

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