Gabon: Avortements clandestins, un tueur silencieux.

Des statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime à environ 25 millions, le nombre des avortements à risque pratiqués chaque année dans le monde, dont la majeure partie se produit dans les pays en voie de développement. On considère que l’avortement est à risque lorsqu’il est effectué par des personnes qui n’ont pas les compétences ou lorsqu’il fait dans un environnement où les normes sanitaires minimales ne sont pas réunies. Voire les deux.

Si les dispositions du code pénal Gabonais proscrivent l’avortement, la réalité reste tout autre, voire très alarmante. Il s’agit d’un problème de santé publique sur lequel les autorités devraient se pencher avec beaucoup d’attention. Selon une étude menée par le Réseau d’Afrique centrale pour la santé reproductive des femmes (RACSRF), 50,8 % des femmes reconnaissent avoir déjà pratiqué un avortement. L’étude mentionne également, que les gabonaises ont acquis de la dextérité et de l’ingéniosité dans cette pratique aux conséquences désastreuses. Cytotec, Misoprostol, produits indiqués pour le traitement de certaines pathologies comme le paludisme, et autres plantes sont autant de substances utilisées par les femmes gabonaises.

Pour rappel, voici ce que dit la loi Gabonaise, « Article 244 : Quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres, violences ou par tout autre moyen, aura procuré ou tenté de procurer l’avortement d’une femme enceinte ou supposée enceinte, qu’elle y ait consenti ou non, sera puni d’un emprisonnement de 1 à 5 ans et d’une amende de 24.000 à 500.000 francs.

L’emprisonnement sera de cinq à dix ans et l’amende de 50.000 à 1.000.000 de francs s’il est établi que le coupable s’est livré habituellement aux actes visés au paragraphe précédent. Seront punis des mêmes peines les médecins officiers de santé, sages-femmes, chirurgiens, dentistes, pharmaciens ainsi que les étudiants en médecine, les étudiants ou employés en pharmacie, herboristes, bandagistes, marchands d’instruments de chirurgie, infirmiers, infirmières, masseurs, masseuses qui auront indiqué, favorisé ou pratiqué les moyens de procurer l’avortement. La suspension, pendant cinq ans au moins, ou l’incapacité absolue de l’exercice de leur profession pourront en outre être prononcées contre les coupables. »

« Article 245 : Sera punie d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de 24.000 à 240.000 francs, ou de l’une de ces deux peines seulement, la femme qui se sera procuré l’avortement à elle-même ou aura tenté de se le procurer, ou qui aura consenti à faire usage des moyens à elle indiqués ou administrés à cet effet. »

Bien que la pratique de l’avortement soit répréhensible, le législateur doit quand même intégrer les situations de grossesse issues d’agression sexuelle, d’inceste ou celles présentant des risques majeures sur la santé de la mère ou sur le développement normal du fœtus, pour ne pas placer systématiquement les disciples d’Hippocrate sous le coup de poursuites pénales.

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