Le classement annuel de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse dans le monde a été considéré pendant longtemps comme une référence pour mesurer la situation de ce droit fondamental dans chaque pays. Cependant, ces dernières années, ce classement s’est transformé en un outil de critique et d’ingérence. Au Gabon, il est même rédigé en partie par l’OPAM (Organisation Patronale des Médias), ce qui a contribué à discréditer ce classement auprès de l’opinion publique.
La fiche de RSF sur le Gabon en est un exemple : « L’avènement d’une presse libre et indépendante reste un chantier inachevé au Gabon, notamment en raison des sanctions zélées de l’organe de régulation, qui ont toutefois diminué ». RSF semble incapable de reconnaître que la Haute Autorité de la Communication ne sanctionne plus de manière abusive. Pourtant, depuis plusieurs années, cette institution a été complice de nombreuses infractions du paysage médiatique gabonais, en restant silencieuse et peu réactive. Cette attitude a favorisé les atteintes les plus graves contre les institutions de la République et la cohésion nationale. Les titres de presse reflètent une totale anarchie.
Au Gabon, la presse libre est souvent considérée comme celle qui insulte le pouvoir et flatte l’opposition. Une notion promue par la presse d’opposition qui vit mal l’avènement de nombreux médias dont la ligne éditoriale s’est affranchie de la désinformation. Les faits, la déontologie, l’éthique et tout ce qui fait le journalisme sont sacrifiés pour répondre aux besoins d’une audience qui recherche le buzz et les faits divers. Par ailleurs, en présentant certains « journalistes » ayant eu des ennuis avec la justice dans des affaires de droit commun comme des martyrs de la presse, RSF a fini de se ridiculiser.
La liberté de la presse mérite d’être défendue avec des biais impartiaux et crédibles, et RSF doit retrouver sa crédibilité. Cependant, le rapport 2023 de RSF ne livre rien de neuf sous l’équateur, et ne mentionne même pas l’interdiction des médias russes en Europe. Cette omission est regrettable et montre une partialité de l’organisation. La liberté de la presse est un droit fondamental qui doit être protégé dans tous les pays, sans exception.