GABON : RÉFORME DE L’AVORTEMENT, LA FIN D’UNE HYPOCRISIE

Si elle était encore vivante Simone Weil aurait salué des deux mains la formidable avancée du Gabon dans sa réforme du droit à l’interruption volontaire de grossesse, tant ce texte qui passe inaperçu dans un environnement habitué aux débat de personnes est une véritable révolution dans le code civil Gabonais.

La pénalisation de toute forme d’avortement de plusieurs années de prison ferme de la femme et du praticien a favorisé la prolifération de plusieurs filières clandestines dont les conséquences sont connues : 1 décès sur 3, ce qui fait de l’avortement la première cause de décès maternels au Gabon. Sans oublier les nombreux d’infanticides et abandons de nouveaux-nés.

Conscient de cette situation, le Gouvernement amorce une audacieuse réforme de la loi en 2019, l’interruption volontaire de grossesse devient légale… sous certaines conditions. 
A cette époque l’alinéa 2 de l’article 377 du code Pénal stipule que « lorsqu’il a été prouvé que l’enfant conçu naîtra avec des malformations physiques graves ou incurables, lorsque cette grossesse compromet gravement la vie de la mère et lorsque la conception a eu lieu par suite de viol, inceste ou lorsque la mineure se trouve dans un état de détresse grave. »

Le projet de Loi portant modification de certaines dispositions de la loi n°006/2020 du  30 juin 2020 portant modification de  certaines dispositions de la loi n°042/2018 du  5 juillet 2019 portant Code Pénal en  République Gabonaise élargit les conditions d’accès à l’interruption volontaire de grossesse au plus grand de femmes.
En effet la notion de « détresse grave »  disparait ainsi que l’exigence de l’avis du médecin pour constater  l’état de détresse de la femme enceinte. « La femme étant seule à pouvoir apprécier la réalité de son état de détresse au  moment de la demande » soutiennent les autorités.

Compte tenu de l’impossibilité de  détecter certaines anomalies avant le délai de dix semaines, ce verrou saute aussi. Désormais, un avortement pourra avoir lieu dans des délais plus élargis. Pour justifier cet élargissement, les autorités soutiennent que l’extension dans tous les cas du délai légal  d’interruption volontaire de grossesse avec avis médical.

Cette réforme de la loi met fin à une meurtrière hypocrisie de la société gabonaise qui a pris la vie de centaines de jeunes femmes.

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