Reportage – Période de vaches maigres pour les commerçants du livre.

La joie des élèves bacheliers tranche avec la morosité des commerçants du livre. La fin d’année scolaire est une période où le chiffre d’affaires chute. Reportage au centre du marché de la « Gare routière » réputé pour ces vendeurs de livres et autres articles scolaires.

Actuellement les vendeurs de livres font grise mine, ils ne font plus recette à la Gare-routière. Même s’ils gardent le moral, au fond, ils le savent, la traversée du désert va durer le temps des vacances scolaires.

Les mois de juillet et Août sont les pires de l’année en termes de chiffre d’affaires. La vente de livres est au point mort. Sans la vente d’articles de bureau, il n’y aurait pas de quoi s’acquitter des charges les plus simples comme l’électricité et l’eau.

« Parfois nous faisons toute une journée sans vendre ne fut-ce qu’un livre. C’est la vente de la papeterie qui nous permet de survivre pendant la période de vacances. Or c’est de la vente des livres que nous tirons le gros de notre chiffre d’affaires. La vente des chemises cartonnées, des enveloppes, tout ce qui est papeterie en un mot, se vend un peu. On mise sur les agents qui travaillent dans les bureaux s’approvisionnent parfois chez nous. Chez nous cette période s’appelle la période morte. Si nous étions bien organisés, en cette période, nous aurions dû prendre les vacances. Mais la crise économique bat son plein, on ne peut pas aller s’asseoir à la maison », déclare Maxime Tchamba, président de l’Association des vendeurs de livres de la Gare-routière.

A quelques mètres de la librairie de Maxime Tchamba, Paul Djomansi, propriétaire d’un commerce de livres aussi, tient le même langage. « Notre activité est saisonnière. Pendant les vacances, ce n’est pas forcément la joie », déplore-t-il.

Paul Djomansi

Et pour cause, en période de vacances, la lecture n’est pas la priorité des clients. C’est le cas de Leslie, jeune élève de seconde ayant déjà prit ses vacances. « Pendant neuf mois, j’ai travaillé dur à l’école. J’ai pu passer en classe supérieure. Pendant ces vacances, je ne compte pas toucher le moindre livre, même pas un Arlequin. Je veux juste m’amuser et me vider la tête », avoue la lycéenne. Avant d’ajouter l’air amusé, « je suis connectée à Facebook chaque jour en plus, je lis assez déjà quand je me connecte à ce réseau social ». vaste programme.

Face à la crise du livre, les vendeurs font preuve d’imagination pour s’en sortir. C’est le cas des commerçants qui ont diversifié leurs produits. Ils vendent les livres chrétiens, ce sont des livres qui n’ont pas de saison. Ils ont la côte en tout temps. Celui que les clients s’arrachent le plus, c’est la bible. « Le livre le plus vendus dans ma librairie est la bible, parce que c’est le livre des livres. Il y a aussi les livres des prédicateurs et des pasteurs que les clients me demandent beaucoup. Ces derniers ont sûrement compris la parole du Seigneur qui dit : Mon peuple périt faute de connaissances. Ils ont compris qu’emmagasiner des connaissances sauvent la vie », assure l’air convaincu par son prêche Thomson, assis sur le rebord de son véhicule, qui contient toute sa marchandise dans la malle arrière.

Thomson

Ce dernier détient des livres aux titres très évocateurs, qui pousseraient n’importe qu’elle passant à zyeuter la marchandise. ‘’La belle, la bête et le pasteur’’, ‘’ Actuellement les vendeurs de livres font grise mine, ils ne font plus recette à la Gare-routière. Même s’ils gardent le moral, au fond, ils le savent, la traversée du désert va durer le temps des vacances scolaires., ‘’Dieu est un faiseur de mariages’’, sont les quelques livres qui ont poussé certains clients à se rapprocher de Thomson, durant notre passage.

Outre les livres chrétiens, Thomson offre aussi à sa clientèle des livres de développement personnel, très prisé par les étudiants et les personnes se situant entre la trentaine et la cinquantaine. Pour lui, les affaires marchent bien quel que soit la période.

Pour parvenir à faire un chiffre d’affaires durant cette période morte, les vendeurs pensent qu’il faudrait leur donner un agrément autorisant la commercialisation dans leurs boutiques de plusieurs produits issus de divers domaines. « Quand vous avez un agrément qui précise vente de livres, vous ne pouvez plus vendre les téléphones, vous ne pouvez plus vendre les accessoires. Nous avons essayé de voir l’administration pour qu’elle puisse nous permettre de vendre autre chose que les livres. Nous aimerions bien vendre à la fois des bouquins et des téléphones par exemple. Cela nous permettra de faire quelques recettes durant cette période morte », a proposé Paul Djomansi.

Maxime Tchamba, ce n’est qu’une minorité de parents d’élèves, qui se dirigeront vers les commerces de livres en ces temps de vacances question de préparer dans la sérénité la rentrée scolaire de leur progéniture. « Il faut aussi savoir que certains parents n’attendent pas la rentrée scolaire pour payer les fournitures scolaires de leurs enfants. Il y a certains qui aiment s’y prendre tôt, mais c’est une poignée », a regretté le président de l’Association des vendeurs de livres de la Gare routière.

Maxime OWONO

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