MÉDECINE TRADITIONNELLE & COVID-19: L’OMS VEUT DES PREUVES

“L’OMS soutient une médecine traditionnelle reposant sur des éléments scientifiques probants” c’est que vient d’indiquer l’institution onusienne chargée de la santé dans un communiqué envoyé à notre rédaction. Si l’OMS reconnait à la médecine traditionnelle des vertus, dans le cadre de la lutte contre le COVID-19, l’organisme souhaite se prononcer sur la base de preuves scientifiques.

Brazzaville, 4 mai 2020 – L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) accueille  favorablement les innovations à travers dans le monde, y compris le  recyclage  des médicaments,  des produits issus de la pharmacopée traditionnelle et la  mise  au point  de nouvelles  thérapies dans le  cadre de   la recherche de traitements potentiels de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19).

L’OMS reconnaît que la médecine traditionnelle, complémentaire et alternative recèle de nombreux bienfaits. L’Afrique a d’ailleurs une longue histoire de médecine traditionnelle et de tradipraticiens de santé qui jouent un rôle important dans les soins aux populations. Des plantes médicinales telles que l’artemisia annua sont considérées comme des traitements possibles de la COVID-19, mais des essais devraient être réalisés pour évaluer leur efficacité et déterminer leurs effets indésirables. Les Africains méritent d’utiliser des médicaments testés selon les normes qui s’appliquent aux médicaments fabriqués pour  les populations  du reste du  monde.  Même lorsque des traitements sont issus de la pratique traditionnelle et de la nature, il est primordial d’établir leur efficacité et leur innocuité grâce à des essais cliniques rigoureux.

Les gouvernements africains, par l’intermédiaire de leurs Ministres de la santé, ont adopté au cours de la cinquantième session du Comité régional de l’OMS pour l’Afrique tenue en 2000,  une résolution sur la médecine traditionnelle dans laquelle  les États Membres étaient invités  à générer des données factuelles sur la sécurité, l’efficacité et la qualité de la médecine  traditionnelle.  Les pays étaient aussi invités à effectuer des recherches pertinentes et à demander aux autorités nationales de réglementation pharmaceutique à approuver les médicaments conformément aux normes internationales, qui préconisent notamment que le produit suive un protocole de recherche strict et soit soumis à des tests, ainsi qu’à des essais cliniques. Ces études concernent en temps normal des centaines de personnes, sont effectuées sous la supervision des autorités nationales de réglementation pharmaceutique et sont réalisées pendant quelques mois dans le cadre d’un processus accéléré.

L’OMS œuvre de concert avec les instituts de recherche pour sélectionner les produits issus de la pharmacopée traditionnelle sur lesquels des investigations peuvent être menées afin de déterminer leur efficacité clinique et leur innocuité dans le traitement de  la COVID-19.  En  outre, l’Organisation mondiale de la  Santé continuera  de  prêter son  assistance aux pays au moment  où  ils analysent le rôle que les tradipraticiens de santé jouent dans la prévention, l’endiguement, la détection précoce du virus et l’orientation-recours des cas vers les établissements de santé.

Au cours des deux dernières décennies, l’OMS a collaboré avec les pays pour assurer un développement sûr et efficace de la médecine traditionnelle en Afrique, en fournissant des ressources financières et un appui technique à cet effet. L’OMS a soutenu des essais cliniques, ce qui a amené 14 pays à délivrer des autorisations de mise sur le marché de 89 produits issus de la pharmacopée traditionnelle répondant aux normes d’homologation internationales et nationales établies. Quarante-trois de ces produits ont été inscrits sur les listes nationales de médicaments essentiels. Ces produits font désormais partie de l’arsenal qui permet de traiter les patients atteints d’un large éventail de maladies comprenant le paludisme, les infections opportunistes  liées  au VIH, le diabète, la drépanocytose et l’hypertension. De même, avec l’appui de l’OMS, la quasi-totalité  des pays de la Région africaine se sont dotés de politiques nationales dans le  domaine  de  la médecine traditionnelle.

Au moment où des efforts sont faits pour trouver un traitement à la COVID-19, la prudence doit rester de mise pour ne pas verser dans la désinformation, particulièrement  sur les médias  sociaux, au sujet de l’efficacité de certains remèdes. De nombreuses plantes et substances sont proposées alors qu’elles ne répondent pas aux normes minimales de qualité, d’innocuité et d’efficacité et qu’aucun élément factuel n’atteste du respect de ces normes. L’utilisation de produits destinés au traitement de la COVID-19, mais qui n’ont pas fait l’objet d’investigations strictes, peut mettre les populations en danger et les empêcher d’appliquer des mesures telles que le lavage des mains et la distanciation physique qui pourtant sont des éléments cardinaux de la prévention de la COVID-

19. Cela peut aussi accentuer le recours à l’automédication et accroître le risque pour la  sécurité  des patients.

L’OMS se réjouit de chaque occasion de collaborer avec les pays et les chercheurs pour développer de nouveaux traitements, et encourage une telle collaboration pour la mise au point de thérapies efficaces et sans risque pouvant être utilisées en Afrique et ailleurs dans le monde.

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