Prévue le 24 mai 2022, la marche contre les intérêts français au Gabon organisée par une faction de l’opposition dirigée par Gerard Ella Nguema ne se tiendra pas. Elle a été interdite par le ministère de l’Intérieur qui avait reçu il y a quelques jours une demande d’autorisation de manifester de la part de l’ancien candidat à la présidentielle.
Mais se serait-elle tenue même si le ministère de l’Intérieur avait donné son accord ? Combien de manifestants Gerard Ella Nguema aurait-il été capable de mobiliser dans son aventureuse entreprise, ne s’agissait-il pas simplement d’une tentative d’exister médiatiquement par le buzz, activité dans laquelle plusieurs adversaires politiques du pouvoir se donnent à cœur joie ces derniers temps au mépris des attentes d’une partie de leurs followers.
Pour un observateur avisé des gesticulations de l’ancien candidat à la présidentielle, ce dernier savait pertinemment que sa demande d’autorisation à manifester contre les intérêts français serait rejetée par les autorités gabonaises, il a même espéré que ça produirait ainsi, car l’inverse l’aurait assurément mis dans de sales draps. En effet, chef d’un parti politique dont le directoire tient dans une cabine téléphonique, Gerard Ella Nguema est plus un amuseur, qu’un trouble à l’ordre public.
Ainsi va la politique au Gabon, faute d’adversité des idées dans un esprit républicain, l’opinion publique doit se contenter de petites phrases, de récupération populiste, de commentaires biaisés, d’injures sur la motricité du Président de la République, et de buzz en lieu et place d’esquisse de projets de société et d’idéologie de la part des acteurs de l’opposition.
Par exemple, jadis grand parti de l’opposition gabonaise, l’Union nationale qui a mis près de 10 ans à organiser un congrès, et qui est actuellement divisée en deux factions ennemies, est devenu un petit mouvement de critiqueurs sans envergures qui sautent sur le moindre petit « bad buzz » pour exister sur les réseaux sociaux. Ne devant sa visibilité qu’au relais des invectives de certains de ses cadres par une presse dont la ligne éditoriale anti-pouvoir est assumée (uniquement en public), l’Union nationale sans Mba Obame ne vaut rien et compte juste les jours avant son implosion que tous les analystes prédisent pour 2023.
phagocytée en majorité par des personnalités politiques « exclues » du parti au pouvoir, l’opposition gabonaise agonisante depuis 2016 n’arrive toujours pas à proposer autre chose que sa frustration, la haine envers les personnalités publiques en responsabilité et la normalisation des violences verbales entre les citoyens.
Sur les grands enjeux mondiaux tels que les luttes pour les droits des femmes, le changement climatique, la transition énergétique, les problèmes sociaux et économiques, la stabilité du continent, elle est atone. Férus des réseaux sociaux, ses leaders attendent paisiblement de surfer sur le sentiment qui se dégagera en majorité des réseaux sociaux pour faire le show. Experts en Covid-19 il y a quelques mois, les voilà devenus diététiciens, critiquant le régime alimentaire du Président de la République, qui a commis le crime de mangé des coupés-coupés au milieu de quelques Gabonais.
Il est plus que probable que les déclarations de Gerard Ella Nguema contre la présence de la France au Gabon, s’inscrivent dans cette démarche, celle d’un puéril « copier-coller » dans la politique Gabonaise, du sentiment antifrançais qui monte au Mali et en Centrafrique.
Si le sentiment antifrançais voulu par cette partie de l’opposition est une inconnue au Gabon, il est à craindre que la sortie de Gerard Ella Nguema et l’absence de condamnation de ses pairs de l’opposition crée des amalgames dans l’esprit de certaines de ses followers. « Si quelque chose arrive, l’opposition gabonaise sera tenue pour responsable » prévient-on déjà de manière anonyme du côté des diplomates français.