Pour soutenir à moyen terme la mise en œuvre de la stratégie publique de relance de l’économie, +305 milliards de francs CFA seront alloués au Gabon par le Fonds monétaire international (FMI) au titre du Mécanisme élargi de crédit (MEDC). Ce financement devrait principalement servir à soutenir le déploiement du Plan de transformation de l’économie (PAT) dont la programmation stratégique cadre avec celle de l’institution financière internationale.
Après le Plan de relance économique (PRE) qui avait permis de relever l’économie gabonaise au cours de la période 2017-19, suite à l’effondrement des cours du pétrole en 2014, le FMI annonce un nouvel accord avec le Gabon pour soutenir sa stratégie de relance de l’économie. Etalé sur trois ans, ce nouvel accord va permettre au Gabon de bénéficier de la part de l’institution financière, de plus de 305 milliards de francs CFA au titre du Mécanisme élargi de crédit (MEDC). En quatre ans, c’est la deuxième fois que le FMI déploie un programme spécifique pour soutenir l’économie gabonaise.
Dans l’immédiat, +63 milliards francs CFA seront alloués au Gabon. Ce financement, présenté par le FMI comme une solution à la crise, sera une réponse à court terme à la crise de la Covid-19 et permettra de jeter les bases d’une croissance post-pandémie capable de tirer le secteur privé. Il intervient à un moment crucial où les déséquilibres macroéconomiques sont accentués au Gabon, ponctués notamment par l’instabilité de l’économie.
En effet confirme Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint du FMI et président par intérim : « l’économie gabonaise se redresse progressivement après le ralentissement économique induit par la pandémie de Covid-19 en 2020. Cependant, la pandémie et la forte baisse des prix du pétrole ont aggravé les vulnérabilités économiques et financières préexistantes, et les perspectives à court terme restent soumises à une grande incertitude et à des risque de détérioration »
Pour contrer ce présage, face à une chute drastique de sa croissance, le Gabon s’est offert un nouveau plan de relance de l’économie baptisé Plan de transformation de l’économie (PAT). Triennal comme fut le PAT, ce nouveau programme, en plus de vouloir faire un toilettage complet de l’économie gabonaise, briser les vieux mythes autour du rôle des secteurs stratégiques comme celui du pétrole dans la consolidation du PIB public, s’inscrit dans la même logique que celle du FMI. En tout état de cause, ce nouveau décaissement servira à soutenir ce programme de transformation économique. Il y a quelques semaines en arrière, c’était en effet la trajectoire tracée par le Gabon et des missions de l’institution financière, dans le cadre des consultations y afférentes.
Pour autant, ce financement est-il suffisant pour soutenir l’enjeu de relance de l’économie ? Environ 3000 milliards de francs CFA sont nécessaires au Gabon pour le financement du PAT. Selon des récentes indications du ministre de l’Economie, 33% de ce financement, soit 990 milliards de francs CFA, sera du ressort de l’Etat. Les 67% autres restants seront directement tirés des partenaires financiers. La stratégie de relance de l’économie par le PAT ouvre par conséquent, la voie à des nouveaux emprunts obligataires. C’est l’inéluctable voie qu’empreintera le pays, puisque la seule contribution du FMI ne suffit pas.
L’acte de soutien du FMI en direction de la relance économique au Gabon est toutefois un bon signe. C’est la preuve que le pays est encore solvable en dépit d’une dette jugée plus ou moins critique, se situant autour de 70% du PIB. Mais avec les réformes qui découleront de ce nouvel accord, l’économie gabonaise pourrait très vite se remettre sur les rails et endosser au fil du temps, la pleine responsabilité du financement de son développement. Cette perspective avait déjà été le cas entre 2014 et 2019. Ce scénario économique pourrait simplement se reproduire.
Séraphin Lame
