SOCIÉTÉ : LE CHANTAGE, EST-IL LE NOUVEAU MODÈLE ÉCONOMIQUE DE LA PRESSE GABONAISE ?

Les membres de plusieurs administrations, entreprises publiques et cabinets ministériels rapportent avoir été l’objet d’articles de presse incendiaire après avoir refusé des offres de service de certains médias notamment ceux proches de l’opposition.

Récemment, c’est un haut cadre du ministère des Travaux Publics qui commentait l’article d’un de nos confrères sans manquer de préciser qu’il avait reçu une offre « d’accompagnement » de ce dernier à laquelle il avait opposé une fin de non-recevoir, quelques jours après, son ministre faisait l’objet d’une « cabale médiatique » dans le même média.

« Ils nous ont dit que pour une certaine somme, ils n’écrivent que des choses positives sur nous. Comme ils ont l’habitude d’insulter le gouvernement, les gens croiront forcément leurs propos s’ils disent du bien sûr nous » a-t-il déclaré.

Une conception très gabonaise de la déontologie et des règles entourant le métier de journaliste. Pourtant certaines personnalités publiques semblent être l’objet de ce chantage avec leur assentiment.

En effet, il n’est plus rare de voir certains départements ministériels ou entreprises publiques bénéficier d’une couverture médiatique bienfaisante de la part des mêmes rédactions qui les considéraient comme des têtes de turc la veille. « Ça veut dire qu’ils ont dealé, c’est comme ça que ça fonctionne, pourquoi croyez-vous que Ossouka soit régulièrement attaqué dans des articles bidons alors que certains de ses ministres sont encensés ? Ils s’arrangent avec vos confrères » poursuit notre interlocuteur.

Au Gabon, le modèle économique des entreprises de presse ne permet pas encore d’en faire des grands groupes financiers. Pourtant, la manipulation d’une opinion rendue bercée au buzz des réseaux sociaux est-elle un modèle viable ?

« Le véritable problème, c’est que trop de gouvernants vivent sur les réseaux sociaux et veulent gouverner selon les avis des internautes dont la profession est Directeur général chez H&M » précise un confrère ivoirien, avant d’ajouter que certaines personnalités publiques gabonaises gagneraient à communiquer sur leurs activités plutôt que de payer des rançons aux médias. Cette Facebookisation de la vie publique favorise la médiocrité des masses»

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