UN CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA MAGISTRATURE SOUS HAUTE TENSION

Les affaires succèdent aux affaires, les scandales succèdent aux scandales, parfois les hommes changent, mais il y a une constante, la justice gabonaise fait débat, mieux elle a perdu les lettres de noblesse qu’elle aurait pu légitimement revendiquer de ceux au nom de qui elle rend justice.

Le Tribunal fait peur, ce n’est pas faute de ne pas connaitre les lois que les Gabonais n’en appellent pas à la justice, c’est le fait de partir battu d’avance, combien de jugements décriés en faveur de Goliath contre David, en faveur de personnes qui ont pille l’Etat qu’ils ont juré de servir, combien de billets glissés au greffier du tribunal de Libreville pour accélérer la sortie d’un document.

La justice Gabonaise ne fait plus de droit, elle fait la loi en règle générale celle des puissants, des plus forts ou en tout cas des plus fortunés…

Devant les scandales les plus ahurissants elle reste aphone, Ces acteurs principaux semblent en effet plus préoccupés par des contrôles vétérinaires et phytosanitaires sous les feux des caméras que par la volonté de faire régner l’ordre et la justice.

L’actualité des tribunaux du Gabon est plus souvent liée à des mouvements d’humeur qu’à des décisions jurisprudentielles qui feraient avancer le droit. Dans un pays où les affaires ne manquent pas.

Dans l’affaire dite Santullo, pour laquelle une équipe Gabonaise se bat dans les juridictions internationales, aucune condamnation ferme n’a été prononcée au Gabon.
Mieux encore les personnalités inquiétées par les premières instructions judiciaires ont toute été relâchées sans qu’aucun compte rendu de cette procédure ne soit rendu au peuple Gabonais. Tandis que ceux qui ont été condamnés avec des preuves accablantes, à l’image de Gilles Rodrigue Bongo, se voyaient finalement innocenté par la Cour d’Appel devant la stupeur de tous les avocats.

Cette affaire est-elle toujours en instruction? les personnes interpellés dans le temps sont-elles toutes non coupables? les accusations de sursaturation sont-elles fausses? A aucun moment la justice du Gabon n’a daigné apporter des éclaircissements à sujet.

Plus près de nous, l’enquête liée à la disparition rocambolesque de 353 containers rempli d’essences précieuses dans l’enceinte du port ultra-sécurisé du port d’Owendo n’a pas permis de faire la lumière sur ce scandale. En fait l’action judiciaire la plus importante de cette affaire fut cette conférence de presse d’environ 3 minutes du procureur de la République Olivier Nzaouh.
L’opinion nationale se souvient d’ailleurs que Serge Rufin Okana l’ancien SG du ministère des Eaux et Forêt suspendu dans le cadre de cette affaire avait été promu DG de la Caistab, rien que ça.

Encore plus près, il a fallu une mobilisation sans précédent pour que la justice gabonaise se saisisse timidement de l’Affaire Wally, du nom de cette gamine de 14 ans victime de la prédation sexuelle du dénommé Alexis Ndouna actuellement en fuite. Alors que la loi autorisait la justice à s’auto saisir, elle a fait l’autruche renforçant encore plus le sentiment de dégout qu’elle inspire au petit peuple.

La dernière sortie du président du syndicat national de la magistrature qui semblait dans une diatribe propre aux hommes de loi, justifier la corruption qui gangrène le milieu judiciaire n’est pas là pour arranger les choses.
Une justice qui ne s’étonne pas , de ne pas avoir en seize ans, reçu un seul dossier pour poursuite de la commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite, est une justice malade.

Ali Bongo Ondimba l’a compris, lui n’a cessé d’appeler à une justice crédible et dissuasive, une justice qui accompagne les efforts de l’exécutif dans la lutte contre la corruption. Alors que le doute sur sa determination à une République Exemplaire ne saurait remis en cause au vu de l’actualité, la structure judiciaire actuelle est dénoncée pour sa lenteur, son manque de résultat et ses arrangement d’arrière boutique.

La question: est-elle compétente pour accompagner le volontarisme des plus hautes autorités du pays en matière de lutte contre toutes formes de criminalités? Le doute reste plus que présent.

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