Il est certes vrai que « le ridicule ne tue pas », mais au Gabon, la ligne entre humour et ridicule semble avoir été franchie avec l’avènement des humoristes 2.0, encore appelés Web Humoristes. Sur la toile, le public semble partagé entre d’un côté les « il ne fait pas rire » et de l’autre côté les « vous n’êtes pas la cible ».
Nous sommes bien loin aujourd’hui des one-man-show du rire à Gogo ou du sourire à côté. Une époque à laquelle des artistes, comme Omar Defunzu ou Dibakou, vous pliaient de rire aux premiers sons prononcés sur scène, à la radio ou à la télévision. Une époque durant laquelle l’écriture savait s’allier à la créativité pour le grand bonheur des spectateurs.
Si par essence un humoriste est une personne pourvue d’humour et donc doit faire rire, il n’en demeure pas moins que l’humour, comme tous les autres arts, est d’abord une forme intelligente de faire passer un message.
Seulement, force est de constater qu’en 2024 au Gabon, cette noble profession se résumerait à se transformer en femme, pour les nouveaux venus dans le métier, ou à sauter dans des flaques d’eau boueuse pour d’autres. Aucune écriture, aucun message véhiculé, les pilules passent mal et les critiques au sein de l’opinion sont aussi virulentes les unes que les autres.
Pourtant se déguiser n’a jamais été le problème, le personnage Modestie joué par Andrew le Gaboma jusqu’au début 2020, Maman Grand Nord ou encore Dr de la comédie ont bien réussi dans la peau d’une femme, à s’attirer la sympathie du public gabonais qui, du reste, n’est pas le public le plus facile à gérer.
Nonobstant, toutes remarques sur cette nouvelle génération en panne d’inspiration, il existe aujourd’hui des jeunes très talentueux qui font l’unanimité et que le talent ne trahit pas au fil des ans. Parmi eux, émerge depuis quelques années déjà Roméo MD ou Chambre à Louer.
Parce que l’humour participe à l’épanouissement de la société et est vecteur de message, il faut le sauver. Il faut un retour aux fondamentaux et cela passe inéluctablement par l’organisation d’événements autour de la formation. Sinon, suffit-il de savoir interpréter une blague pour prétendre être humoriste? La réponse à cette question devrait amener la nouvelle génération à une autocritique et les plus anciens à prendre la mesure de la chose, pour sauver notre humour, celui de Serge Abesolo, d’Omar Defunzu et de tous les précurseurs.