Dimanche dernier, en s’adressant à la communauté religieuse et à la chefferie traditionnelle, le président de la transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, a réaffirmé son attachement à l’union et à l’unité des fils et filles du Gabon. Un engagement qui suscite des doutes au sein de l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS), particulièrement en raison de la situation de leur leader, Hervé Patrick Opiangah.
Depuis plusieurs semaines, l’UDIS a adressé un courrier au chef de l’État pour attirer son attention sur la situation d’Hervé Patrick Opiangah, sans obtenir de réponse. Après le discours du 2 mars au Palais des sports et de la culture de Libreville, les membres du parti reviennent à la charge et s’interrogent sur le véritable attachement du président de la transition au vivre-ensemble. Leur leader étant toujours contraint de vivre loin des siens, ils dénoncent une justice aux ordres et jugent paradoxale la posture de rassembleur adoptée par le général-président lors de son dernier discours.
« L’UDIS s’interroge avec gravité sur les effets authentiques de ce discours », a réagi Lays Amorissani, présidente intérimaire du parti, lors d’une conférence de presse tenue le 6 mars. Selon elle, si le chef de l’État est sincèrement attaché aux valeurs de cohésion nationale, il doit poser des actes concrets. « Parler est un acte divin, un acte grave ! Et le respect de la parole donnée est la marque de ceux qui craignent Dieu en esprit et en vérité », a-t-elle insisté.
Au-delà de la situation d’Hervé Patrick Opiangah, l’UDIS s’inquiète du sort des 7 000 employés de la holding HPO & Associés, qui subissent les conséquences économiques de cette crise. « Celui qui dort rassasié tandis que son voisin a faim ne croit pas en Dieu », a rappelé Lays Amorissani, citant un extrait du discours du chef de l’État. Elle s’interroge alors : « Comment pouvons-nous rester indifférents face à la précarisation et à la clochardisation de ces 7 000 employés depuis près de quatre mois aujourd’hui ? »
Dans cette optique, Edmond Dominique Epoma Ngadi, porte-parole de l’UDIS, a insisté sur la nécessité d’une intervention rapide du président de la transition : « Nous avons interpellé la première institution du pays, le chef de l’État, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema. Nous appelons à son intervention. Nous lui demandons de penser à la douleur, à la souffrance de ces 7 000 compatriotes aujourd’hui précarisés. » Il a également dénoncé la vacuité du dossier judiciaire à l’encontre de leur leader, affirmant qu’« aucune plainte, aucune victime » ne justifie son éloignement.
L’UDIS met en avant les conséquences économiques et sociales de cette situation. Depuis plusieurs mois, les entreprises de M. Opiangah restent fermées, plongeant des milliers de travailleurs dans la détresse. « Jusqu’à présent, les entreprises restent fermées. Les employés sont chez eux, ils ne vont donc plus travailler et n’ont pas perçu leur salaire depuis près de quatre mois, ce qui est une situation socialement insoutenable », a dénoncé le porte-parole du parti.
Face à cette crise, l’UDIS exhorte les autorités à agir rapidement pour débloquer la situation et permettre aux travailleurs de retrouver leurs activités. Le parti demande au chef de l’État de concrétiser ses engagements en faveur du vivre-ensemble par des actes concrets, notamment en facilitant le retour d’Hervé Patrick Opiangah et en trouvant une solution à la crise sociale qui touche des milliers de familles gabonaises. En attendant, l’incertitude demeure pour ces 7 000 travailleurs plongés dans la précarité.