LIBREVILLE, GABON (médias241.com)- 1 an après le lancement du plan de relance de l’économie (PRE), des résultats mitigés.
C’est l’analyse sans complaisance que dressent l’analyste de économiste Mays Mouissi et John Nzenze, jeune gabonais diplômé de l’Université Paris Dauphine et auteur de plusieurs articles. Confronté à une sévère crise économique accentuée par la baisse de ses revenus pétroliers, le Gabon a initié un plan de relance de l’économie (PRE) fin 2016. L’objectif affiché de ce plan est d’accélérer la diversification économique et l’impact social des politiques publiques menées, en inscrivant les finances publiques dans une trajectoire de soutenabilité. Il s’agit d’un plan triennal qui couvre la période 2017 – 2019.
« Un an après le lancement du PRE, les premiers résultats obtenus ne convergent pas vers l’atteinte des 11 objectifs principaux fixés par le plan », dit Mays Mouissi.
La dette publique censée être contenue en dessous de 40% du PIB n’a cessé de croître et représente 62% du PIB. L’objectif d’un déficit budgétaire inférieur à 3% du PIB ne sera probablement pas atteint sans une remontée des cours mondiaux du pétrole. Par ailleurs, l’objectif d’une croissance de 5% en 2019 demeure hypothétique. En effet, le taux de croissance qui était de 2,3% en 2016 a baissé à 0,8% en 2017 malgré le lancement du PRE.
Au plan commercial, le solde de la balance des paiements devrait être déficitaire de 200 à 400 milliards FCFA en 2017 quand le PRE s’est fixé comme objectif de parvenir à un solde positif d’ici à 2019.
Au plan social l’objectif de création de 30 000 emplois sur 3 ans dans le secteur privé est inatteignable en l’absence de croissance et sans réforme en profondeur de la structure de l’économie nationale. En effet, comment parvenir à créer 10 000 emplois par an avec un taux de croissance inférieur à 1% alors qu’entre 2014 et 2015 seuls 653 emplois nets ont été créés avec une croissance proche de 5% ?
L’objectif de réduire de 100 000 le nombre de Gabonais économiquement faibles (GEF) évalués à 800 000 d’ici à 2019 parait tout aussi inatteignable puisqu’aucune action d’envergure n’a été mise en œuvre au plan national pour parvenir à réaliser cette ambition dans les délais fixés par le PRE.
Seuls points positifs, la conjoncture favorable dans le secteur minier avec l’augmentation des prix du manganèse dont l’unité de tonne métrique s’est échangée à 5,69 USD au 1er semestre 2017 contre 2,91 USD au 1er semestre 2016.
Néanmoins, l’agence de notation américaine Moody’s à dégrader la note souveraine du Gabon en juillet 2017. Le Rating du pays est passé de B1 à B3 avec une perspective négative.
Dans sa note d’analyse, Moody’s indiquait que le profil de la dette s’était dégradé et que celle-ci devrait continuer d’augmenter. En outre, l’agence de notation s’était inquiétée de la maturité de deux importants emprunts (eurobonds) souscrits par le Gabon dont le remboursement du principal doit intervenir en 2021 et en 2023.
En d’autres termes, Moody’s craint que le Gabon ne soit pas en capacité d’honorer ces deux échéances et fasse défaut.
En conclusion, sans réajustement dans la mise en œuvre du PRE et en l’absence de recadrage, il est peu probable que le plan remplisse la majorité des objectifs qu’il s’est fixé pendant la période triennale 2017-2019.