LIBREVILLE, GABON (medias241.com)-Assisté des membres dirigeants de son parti, Alexandre Barro Chambrier, le président du Rassemblement Héritage et Modernité (RHM), a annoncé, ce 10 avril, lors d’un point de presse tenu à leur siège sis au centre-ville, la participation de leur parti politique aux prochaines élections législatives, dont la date précise reste encore inconnue.
Convaincue de ce que «l’opposition gabonaise est plus que jamais en mesure de remporter la majorité des sièges à l’assemblée nationale et imposer ipso facto un schéma politique inédit dans l’histoire de notre pays», pour l’équipe RHM, le boycott n’arrangerait rien côté opposition, car l’excluant quasiment de tous les débats. «Nous avons exprimé clairement notre choix de participer à l’élection législative toujours attendue», a donc précisé Barro Chambrier.
Ci-dessous, un extrait du discours lu par le président de RHM
«La question controversée de la participation de l’opposition aux législatives à venir ne doit-elle pas nous conduire à nous demander si l’opposition, ultra majoritaire dans ce pays, doit constamment s’auto-exclure du jeu politique national quand bien même le rapport de force politique est nettement en sa faveur?
En renonçant à une entrée massive à l’assemblée nationale, lieu et tribune d’expression par excellence, des différentes sensibilités politiques, de quel autre canal d’expression, l’opposition disposerait-elle désormais pour faire entendre et défendre la voix de ceux qu’elle représente ?
De quel autre espace disposerait-elle pour faire entendre, dans le champ de la légalité républicaine, les attentes de l’écrasante majorité des gabonais qui réclament à cor et à cri les changements qu’elle souhaite ? Ne réduirait-elle pas au silence tous ceux qui ont massivement apporté leurs suffrages à Monsieur Jean PING ?
Serait-il responsable de livrer sur un plateau en or 143 sièges de députés, 80 sièges de sénateurs, la totalité des conseils municipaux et départementaux entre les mains d’un parti ultra minoritaire et totalement discrédité?
Ce faisant l’opposition ne se ferait-elle pas complice du braconnage de l’élection présidentielle de 2016 et ainsi, n’achèverait-elle pas elle même le processus de consolidation des pouvoirs usurpés et despotiques de monsieur Ali BONGO ?
Il doit être compris que si elle venait à reproduire cette erreur stratégique, l’opposition gabonaise signerait là une bien piteuse reddition, naufrageant ainsi tout le crédit dont elle jouit, abandonnant à son triste sort le peuple gabonais, en contribuant par son immaturité à mettre plus que jamais en danger tout le pays.
Nous nous efforçons de faire comprendre, que de notre point de vue, le combat pour le respect et la restauration de la souveraineté du peuple gabonais n’est pas clos, non, l’élection présidentielle « n’est pas derrière nous », ce combat là nous comptons le poursuivre jusqu’au respect de la vérité sortie des urnes en Août 2016, cela est pour nous un point de doctrine.
C’est dans cet esprit et dans un souci de fidélité, au terme d’un processus de concertation approfondie, que nous nous en sommes ouverts à Son Excellence Monsieur Jean PING lui même à qui nous avons fait connaître notre décision. Nous nous félicitons une fois de plus de la sagesse et de la hauteur de vue dont il a fait montre.
Le Rassemblement Héritage et Modernité considère que le moment est désormais opportun pour annoncer à l’opinion nationale et internationale sa décision de participer aux élections législatives à venir.
De même, nous nous employons à défendre sans relâche l’idée que la reconnaissance du verdict des urnes et la restitution de ce qui a été dérobé à Son Excellence Monsieur Jean PING est notre première exigence de tous les instants.
Nous défendons également la conviction que le triomphe de l’alternance démocratique, passe par la conquête des suffrages de nos concitoyens. Pour nous, c’est bien au sein des assemblées politiques nationales et locales, que nous participerons au travail de modernisation de notre vie politique qui pâtit gravement, et pour le moins, de l’effondrement généralisé des contre-pouvoirs, installant de fait notre pays dans une dictature aujourd’hui perçue par tous et rejetée de tous.
Il doit être clair, dans l’esprit de tous, que notre choix politique n’a rien à voir avec un quelconque adoubement prétendument implicite de la présidence de monsieur Ali BONGO ONDIMBA.
Notre démarche politique demeure dans la cohérence de notre engagement en faveur du changement et de la démocratie intégrale dans notre pays, et l’histoire jugera chacun d’entre nous sur ses actes.
Dans la démarche collective des forces politiques coalisées, nous tenons à marquer notre indépendance et à poursuivre la lutte avec les moyens du moment dans le contexte du 3 moment. Nous ne nous résignons pas, convaincu que seul ceux qui ne se résignent pas finissent pas triompher.
Aujourd’hui, quelques soient les formules cosmétiques proposées, l’échec politique, économique et social du pouvoir est incontesté. Ce pouvoir et sa funeste pratique politique ont conduit notre pays au désastre.
Pour prendre un seul exemple, chacun observe bien une montée en puissance d’une gestion népotique et chaotique des ressources humaines dans l’administration d’État. Cette pratique qui ne constitue en rien un gage d’efficacité, pourrait secréter un grave danger pour la cohésion nationale. Il apparaît désormais aux yeux de tous les gabonais que certaines administrations publiques, sont sanctuarisées au seul profit des seuls natifs d’une province aux mépris des principes fondamentaux posés par la Constitution de notre pays.
De fait, ces violations flagrantes de la lettre et l’esprit de la constitution se trouvent aggravées par une réforme bâclée du statut de la Fonction publique, menée tambour battant, sans concertation préalable avec les partenaires sociaux.
Les gabonais ont massivement exprimé le rejet de ce pouvoir et de sa politique.
Après un septennat chaotique serti de menteuses extases d’un prétendu « Avenir en confiance », notre pays est désormais en proie à un chômage endémique, paralysé par des grèves perlées dans le secteur public… marqué par des infrastructures partout chaotiques, un accès profondément inégalitaire aux services de base ; le stress hydrique généralisé dans le pays, le faible raccordement au réseau d’électricité.
Ces pénuries exclusivement imputées aux prétendues carences de gestion du Groupe Veolia, de même que l’insalubrité généralisée des villes mensongèrement imputée à l’incivisme des gabonais quant Averda n’est pas convoquée au banc des accusés. Tous arguments qui ne convainquent personne.
La ruine des infrastructures urbaines et des équipements collectifs de base, dans l’éducation, dans la santé, le désastre du chemin vicinal curieusement appelé « la Nationale 1 » et ses chaotiques affluents départementaux, illustre a lui seul l’incurie, l’irresponsabilité et la ruine morale de ce régime, achevant d’inhumer, aux yeux de tous, la crédibilité d’un gouvernement de passagers clandestins…
Quant à la parodie de justice, il nous semble qu’elle ne manquera pas de se retourner contre ceux qui l’instrumentalisent à des fins bassement politiciennes pour tenter de masquer leur propre échec, leur propre incapacité surexposés au yeux du monde entier.
Il nous importe de mettre un cran d’arrêt à cette sorte de monarchie républicaine tropicale et son emprise totale sur les gens et le territoire, à cette centralisation excessive de l’organisation politique et sociale qui conduit inexorablement notre pays à sa perte.
Il nous importe d’œuvrer à la reconstruction morale et matérielle de notre pays en restaurant la crédibilité des institutions, l’autorité, la confiance, le redressement économique, financier et social.
C’est pourquoi, aux côtés d’autres formations politiques de la coalition, nous avons exprimé clairement notre choix de participer à l’élection législative toujours attendue. Nous demeurons ouverts et nous nous réjouissons de la contribution récente de 41 formations politiques qui, une fois de plus, abusées par le non respect des recommandations du dialogue cosmétique organisé par le pouvoir, souhaite resserrer les rangs de l’opposition, pour garantir notre victoire future.
Car oui, en effet, notre conviction est que, l’opposition gabonaise est plus que jamais en mesure de remporter la majorité des sièges à l’assemblée nationale et imposer ipso facto un schéma politique inédit dans l’histoire de notre pays, c’est à dire contraindre le pouvoir à une cohabitation.
Oui, en effet, en démocrates pleinement convaincus de la portée de notre responsabilité politique, il nous faut construire le contrepoids législatif nécessaire à l’effet d’entraver l’inclinaison du pouvoir à instrumentaliser la chambre basse dans l’élaboration des lois iniques et le vote des choix budgétaires au détriment de l’intérêt général, l’intérêt du peuple gabonais qui a massivement rejeté ce pouvoir.
Le Rassemblement Héritage & Modernité porte la conviction que la conquête de la majorité des sièges au sein de l’assemblée nationale constituera, à n’en point douter, une avancée significative pour la mise en place d’une plate-forme revendicative, propice au traitement de l’ensemble des questions posées par l’élection présidentielle qui, pour l’heure demeurent irrésolues.
Cette majorité politique est nécessaire pour faire notamment, par le truchement des commissions d’enquêtes parlementaires, toute la lumière sur les événements de la nuit du 31 aout 2016, afin d’en déterminer clairement les responsabilités, ainsi que le devoir de mémoire nous l’exige.
Un devoir que la nation se doit d’exercer en la mémoire de tous ceux des nôtres qui, pour le triomphe de la liberté, la démocratie, l’État de droit et l’alternance politique, ont payé un lourd tribut par le sacrifice de leur vie.
Participer à l’élection législative et remporter la majorité des sièges c’est nous donner, les moyens véritables de soumettre à l’examen d’une justice équitable la question de la libération des détenus politiques et d’opinion.
De fait, n’est-il pas dans le rôle de l’opposition d’œuvrer à la libération de Bertrand ZIBI, Pascal OYOUGOU, Frédérique MASSAVALA MABOUMBA, MOMBO KINGA et de nombreux autres compatriotes arbitrairement retenus sans procès dans les geôles du pouvoir ? Quel serait le sort de ces vaillants compagnons de lutte si l’opposition signait une reddition ? Qui pourrait mieux que l’opposition elle-même, devenue majoritaire, protéger les libertés individuelles et collectives et garantir la sécurité et la quiétude à nos compatriotes, aujourd’hui contraints aux affres et déchirements intimes de l’exil ?
Ainsi que nous l’avons dis, pour le Rassemblement Héritage et Modernité, l’élection présidentielle n’est pas « derrière nous ». L’entrée massive de l’opposition à l’assemblée nationale vise à créer et imposer un rapport de force favorable, afin de poursuivre la lutte en faveur du respect du verdict des urnes, le seul que les gabonais reconnaisse : la victoire triomphale de Son Excellence Monsieur Jean PING.
Le Rassemblement Héritage et Modernité appel donc à l’unité, à la cohésion et à la persévérance de toute l’opposition gabonaise et de toute la diaspora, dont nous saluons le travail acharné et la contribution patriotique au combat pour la libération de notre pays.
Le Rassemblement Héritage et Modernité soutien sans réserve l’action de la diaspora, nous l’encourageons à poursuivre ses efforts car la crise politique gabonaise n’est pas close.
Notre parti poursuit la lutte afin que toutes les filles et les fils du Gabon, aujourd’hui réfugiés politiques à travers le monde, puissent regagner librement leur pays, s’y exprimer librement et participer au développement du Gabon.
Mesdames et Messieurs, chers compatriotes, monsieur Ali BONGO ONDIMBA, n’a pas gagné l’élection présidentielle du 27 Août 2016. Bien qu’étant à la tête des services de l’Etat, il est illégitime. Nous avons voulu dire ce jour, devant la communauté nationale et internationale que notre parti, le Rassemblement Héritage et Modernité a décidé de poursuivre, à l’assemblée nationale c’est à dire au sein d’une instance politique majeure où se prennent les décisions au nom du peuple souverain, le combat engagé en Août 2016.
Nous lançons donc un appel à toute l’opposition véritable, pour l’inciter à participer à ce scrutin dans l’unité et la concorde afin de montrer, une fois encore s’il en était besoin, à la face du monde que l’écrasante majorité des gabonais rejettent le régime d’Ali BONGO ONDIMBA».