Bois: Les chinois pillent la forêt gabonaise devant les autorités.

Dans le bassin du Congo, le Gabon et le Congo-Brazzaville, représentent à 60% du taux d’exploitation forestière. Cependant, cette exploitation, selon les enquêtes de l’ONG Environmental investigation agency (EIA), se fait au détriment du budget de l’État gabonais.

Les enquêtes de l’ONG Environmental investigation agency (EIA) ont démontré que cette exploitation est sauvage, illégale, anarchique et dévastatrice. Elle se fait sur fond de pots-de-vin, de corruption, de contrebande à cause de certains grands opérateurs du secteur.

Conscient de la gravité du fléau, l’ONG Environmental investigation agency (EIA), a mené pendant 4 ans, une enquête approfondie au Gabon et au Congo-Brazzaville, auprès des groupes et sociétés forestières qui exploitent cet espace forestier. Les révélations faites par les responsables de certaines entreprises forestières chinoises traduisent un pillage des ressources, même si tous les opérateurs ne sont pas véreux.

Certaines entreprises sont poursuivies et condamnées au Gabon pour exploitation illégale, mais d’autres font encore proliférer ces mauvaises pratiques.

«On ne peut pas survivre si on suit les règles», a déclaré l’un des responsables de la société chinoise Wan Chuan Timber Sarl (WCTS), l’un des plus importants opérateurs en Afrique.

Le groupe fondé par Xu Gong De a allègrement violé les lois forestières les plus fondamentales, et ne s’est pas gêné de priver le Gabon de plusieurs milliards de FCFA de taxes diverses et d’impôts. «Au Gabon, nous maximisons notre profit. Il n’est pas possible pour nous de miser sur le long terme», a dévoilé l’un des dirigeants de WCTS, qui ne savait pas qu’il était enregistré.

WCTS a misé à fond sur la surexploitation des coupes bien au-delà du permis forestier de 100.000 hectares que les autorités gabonaises lui ont octroyé. «Nous obtenons l’excédent d’arbres en coupant à l’extérieur de la zone prévue», a expliqué l’un de ses responsables. Selon lui, ils ont la consigne de couper tout. «On coupe tous les arbres qui nous intéressent indépendamment de leur taille», a-t-il continué.

La philosophie de son entreprise, simple et facile à comprendre, est basée sur la violation du nouveau code forestier gabonais. «Si vous faites tout selon la loi, vous ne survivrez pas. Nous devons maximiser rapidement notre retour sur investissement».

WCTS sait comment mener rapidement en bateau les fonctionnaires en mission de contrôle sur sa concession forestière. «Vous avez de nombreuses équipes qui coupent en même temps. Vous mettez une équipe dans la zone prévue, les autres en dehors. S’ils vous attrapent vous avez juste à leur dire que les autres équipes construisent les routes», a-t-il déclaré en rigolant.

Si certains agents de l’État qui ne gobent pas tout ce que ces sociétés chinoises leur disent réussissent à les faire payer des amendes, elles valent des peccadilles. En pleine forêt, les agents de l’État succombent à la vue de quelques liasses de billets de banque. «On paye en forêt des amendes dévalorisées deux fois plus».

Malgré les récidives, selon le nouveau code forestier, le concession ne peut être en vérité, ni suspendue, ni retirée. «Ils la reprennent seulement si vous n’arrivez pas à payer la taxe sur la concession qui est de 400 francs CFA par hectare. Ce qui est rien du tout», s’est réjoui le responsable de WCTS.

Selon les responsables de la société chinoise Transport bois négoce international (TBNI), on tromperait les fonctionnaires gabonais comme un jeu. «Il suffit de dire aux agents à quel point votre vie est dure. Ça leur va», a-t-il divulgué.

Avec d’autres agents, il suffit de les berner sur place pour qu’ils se jouent de leurs propres missions d’inspection. «Parfois ils vous appellent et vous avertissent à l’avance. En vous disant « écoutez, nous allons venir vous contrôler dans quelques jours. Vous devez nettoyer quoique ce soit de problématique que vous ayez là-bas. Ou, s’ils trouvent quelque chose et qu’ils vous connaissent, alors tout est négociable», a-t-il avoué.

WCTS blanchit facilement l’argent au Gabon. «Ça peut sembler mal, mais en réalité nous blanchissons de l’argent ici. Avoir la société offshore à Hong-Kong sert essentiellement à éviter de payer les taxes au Gabon», a témoigné le responsable de WCTS.

Avec des petites entreprises, selon lui, c’est facile de profiter des largesses des fonctionnaires gabonais, en leur faisant miroiter des profits personnels aux dépens de l’État. «Ils ne vérifient jamais la légalité des sociétés. En fait, il ne faut jamais être le propriétaire légal. Il faut avoir des Gabonais à qui vous donnez 10 à 20 % des actions», a-t-il confessé.

Les retours d’investissement sont alors maximisés à fond, au-delà de toutes les attentes. «Tout ce que vous avez à faire c’est de mettre en place la société offshore. Ensuite vous ne vendrez qu’à vous-mêmes et vous augmentez le prix de vente à partir de votre société offshore à Hong-Kong par exemple», a proclamé l’un des responsables interrogé par les enquêteurs de l’EIA.

Pamphil EBO

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