LIBREVILLE-GABON (médias241.com)- Ancien candidat à l’élection Présidentielle de 2016 et Président d’Ensemble Pour la République, Dieudonné MINLAMA MINTOGO, dans la déclaration ci-dessous «revisite le passé pour analyser le présent et interroger l’avenir».
Voici in extenso sa déclaration
«Aujourd’hui, j’ai avec vous, envie de revisiter le passé pour analyser le présent et interroger l’avenir. Comme certains d’entre vous le savent, je milite pour l’organisation d’un dialogue au Gabon depuis le 27 janvier 2011.
Cet engagement est resté intact. En effet, face à la crise sociopolitique qui sévit dans notre pays depuis les élections présidentielles 2009, je n’ai jamais cessé d’indiquer que le dialogue est la seule voie par laquelle nous sortirons le Gabon de cette situation de crise.
C’est dans cette optique que j’ai pris part au dialogue politique convoqué à l’initiative du Président de la République du 28 avril au 24 mai dernier.
Cette rencontre n’était pas celle d’un Gabon contre un autre, ou d’un camp politique contre un autre. Il se voulait le lieu de convergences de toutes les intelligences, le lieu où, en toute lucidité, les enfants du Gabon pouvaient regarder la réalité en face pour envisager ensemble un avenir meilleur.
Tout au long de ce dialogue, j’ai découvert, aussi bien dans le camp de la majorité que dans celui de l’opposition, des compatriotes déterminés à faire du Gabon une démocratie et un véritable Etat de droit.
C’est vrai, que j’ai aussi rencontré d’autres compatriotes moins inspirés par l’intérêt national. Pour cette catégorie de nos compatriotes, présents aussi bien dans les rangs de la majorité que dans celui de l’opposition, le dialogue a été un simple moyen d’arranger leurs situations personnelles, consolider les acquis ou négocier un positionnement personnel dans la sphère dirigeante du pays.
Tout ça pour dire qu’au cours du dialogue il n’y avait pas d’un coté des bons et de l’autre coté les mauvais. Non, il n’y avait que des Gabonais avec leurs qualités, leurs défauts dont la plus grande partie a réellement œuvré pour la réussite de ce dialogue.
Il me plait aussi de rappeler que le dialogue a été organisé sous la forme d’une négociation. Comme vous le savez : négocier signifie faire des compromis entre les protagonistes.
Aucun camp n’a marché sur l’autre. Chaque camp a fait des concessions. Personne ne pouvait tout obtenir. Ce n’est pas possible. C’est ça le principe même de la négociation.
Au départ, chaque partie a présenté et défendu ses positions initiales. A la fin, tous les participants se sont mis d’accord sur des positions communes et consensuelles.
C’est pour moi l’occasion de féliciter tous les participants à ce dialogue, et surtout les membres de l’opposition qui, malgré les campagnes de dénigrements, les injures et moqueries, ont défendu vaillamment leurs positions et obtenus des avancées considérables sur les différents points traités.
Je salue aussi le patriotisme de la délégation de la majorité qui a su reculer sur certaines positions stratégiques au nom de l’intérêt général.
Pour ce qui me concerne, je suis fier et heureux d’avoir apporté ma modeste contribution à l’écriture de cette nouvelle page de l’histoire commune de notre pays. J’estime que ce dialogue a été une réussite. Notre démocratie sort renforcée. Notre Etat de droit plus affermi. Notre système électoral s’est considérablement amélioré.
Il est aussi clair, à mes yeux, que ce dialogue ne pouvait prétendre résoudre tous les problèmes du Gabon.
Le dialogue fait parti de notre façon de régler les différends depuis la nuit des temps. J’ai la ferme conviction que le Gabon organisera plusieurs autres dialogues après celui-là !
Au terme de cette rencontre, un gouvernement et un comité de suivi ont été mis en place. Certaines recommandations ont fait l’objet de projets de texte.
Ainsi, depuis le 28 septembre dernier, un projet de révision constitutionnelle est à la disposition du public. J’entends prendre toutes mes responsabilités à ce débat d’importance qui engage l’avenir de notre pays. Je n’ai d’autres ambitions que de contribuer au raffermissement de la démocratie et à l’amélioration de notre vivre ensemble. J’entends m’investir pour éviter que notre pays ne retombe dans les affres du passé. J’espère poser les vraies questions sans arrière-pensées ni faux-fuyants.
Au cours du Dialogue politique, la commission 1 qui traitait de la réforme des institutions et de la consolidation de l’Etat de droit démocratique, dans laquelle j’ai été membre, a abordé la question constitutionnelle.
Une révision de la Constitution a été suggérée, s’agissant de la durée des mandats politiques (mandat présidentiel, mandat de député, mandat sénatorial et mandat local) et le mode de désignation, la durée du mandat des membres de la Cour Constitutionnelle et les missions de celle-ci. Les rapports entre l’exécutif et le Parlement, au sein de l’exécutif, c’est-à-dire entre le Président de la République et le Premier ministre, avaient également été abordés. La réforme de la justice aussi avait retenu l’attention des participants au Dialogue politique.
A la lecture du projet de révision soumis par le gouvernement, je puis dire que celui-ci demeure fidèle aux recommandations du Dialogue politique. Mais, la révision de la Constitution doit d’abord viser une meilleure gouvernance et une plus grande lisibilité de l’action des pouvoirs publics par les citoyens. Dans l’immédiat, elle doit nous apporter des réponses aux difficultés vécues jusque-là. Surtout, elle doit nous permettre de partir de l’avant et retrouver notre cycle électoral classique. Les prochaines législatives sont donc, de ce point de vue, un élément fondamental de mon analyse.
Les élections législatives sont prévues pour le mois d’Avril 2018, c’est-à-dire dans moins de cinq mois. D’ici là, il y a beaucoup de travail à faire, notamment sur le cadre juridique et institutionnel de gestion des élections. Nous ne devons pas perdre de vue que toutes nos crises politiques découlent des élections mal organisées…
Cela m’amène à me poser plusieurs questions : en cinq (5) mois, aura-t-on le temps de modifier la Constitution ? Revoir la loi sur les partis politiques ? Réviser la loi électorale ? Mettre en place la nouvelle autorité en charge des élections ? Procéder à l’enrôlement des électeurs ? Fiabiliser notre système biométrique et procéder à un nouveau découpage ?
Sans être pessimiste, je ne m’avancerai pas à répondre de façon positive. Nous devons adapter nos textes et institutions. Nous avons des échéances à honorer. Mais, nous devons aussi concilier cela et le faire dans le maintien de la cohésion et dans la sérénité et non pas dans l’affrontement et la division.
Aussi au regard des enjeux de l’heure, je demande à la classe politique et à toutes les parties prenantes au dialogue de définir un chronogramme réaliste de mise en œuvre des accords politiques, en vue de l’organisation des élections législatives crédibles, dont les résultats seront acceptés par tous. La stabilité politique et la réconciliation nationale dépendront très fortement de la manière dont ces élections vont être organisées.
Mesdames et Messieurs, je ne pouvais clore mon propos sans faire un petit point sur les sujets d’actualité du moment, essentiellement : la situation de la route nationale et la question concernant les réformes actuellement en négociation sur notre système de retraite.
A propos de la situation actuelle de la route nationale plus précisément de l’état de dégradation avancée de l’axe Libreville-Kango et des désagréments que cela cause aux usagers. Je profite de cette tribune, pour demander au Président de la République de classer la réfection de cet axe routier comme la priorité des priorités et d’en faire une question d’honneur et de souveraineté. Au moment où notre pays vient d’accorder la libre circulation des personnes aux ressortissants de la CEMAC, il me parait inadmissible que notre principale voie de communication soit dans cet état …
Pour ce qui est du dossier concernant la réforme de notre système de retraite, je me réjouis de la décision du gouvernement et des syndicats de revaloriser les pensions de retraite.
Toutefois, repousser l’âge de la retraite de 60 à 63 ans au moment où le gouvernement suspend les recrutements des jeunes à la Fonction Publique, me parait une décision inique et contreproductive aussi bien au niveau social qu’au niveau économique.
Nous ne devons, en aucun cas, sacrifier notre jeunesse sur l’autel d’un quelconque intérêt !
J’invite ainsi le gouvernement à s’investir plutôt dans la lutte contre le chômage des jeunes et non de promouvoir la rétention de façon indéfini des seniors en poste …
Aussi j’appelle l’exécutif à sursoir à l’application de cette décision. C’est la décennie de la Jeunesse ne l’oublions pas!».
«Je vous remercie».