Estimées à 90% des violences sexuelles et 83% des violences économiques, les violences faites aux femmes constituent un véritable fléau dans notre pays. Violences qui pour la société civile trouvent leurs origines dans les dispositions discriminatoires du droit de la famille gabonaise, qui confère plus de droit à l’homme.
Afin de protéger ces femmes, la loi 006/2021 a été promulguée. Cette loi qui vise à lutter contre toutes les violences perpétrées contre les femmes, est l’aboutissement du travail inédit de la société civile, du gouvernement, et des parlementaires.
Certaines mesures ont été adoptées pour favoriser l’égalité des droits entre gabonais et gabonaises, parmi lesquelles: introduction de l’obligation de promouvoir la prise en charge et le traitement des cas de violences à l’égard des femmes par les institutions judiciaires, introduction de la gratuité des frais relatifs aux actes médicaux pour les femmes victimes de violences sexuelles et viol, aggravation des sanctions appliquées contre les auteurs des actes de torture et e barbarie contre les femmes, répression des violences morales, psychologiques , économiques, patrimoniales ou pratiques traditionnelles préjudiciables aux femmes, etc
Toutefois, si ces mesures sont louables, la prise en charge des victimes de violences, et les sanctions pénales des auteurs de ces actes ne peuvent à elle seules faire face à ce fléau. Ne faudrait-il pas y associer la lutte contre la discrimination des femmes sur le marché de l’emploi et le décrochage scolaire des jeunes filles ?
D’après l’étude réalisée par la banque mondiale en 2013, intitulée: Rapport sur la croissance et l’emploi en république gabonaise, les femmes sont les plus vulnérables sur le marché du travail. D’abord, le chômage des femmes est d’environ deux fois celui des hommes et c’est parmi elles que l’on observe le plus de chômeurs découragés.
En conséquence, elles sont moins présentes sur le marché du travail avec un taux d’activité évalué à 34,5% soit plus de 15 points d’écart avec celui des hommes qui s’élève à 49,6%. Cette vulnérabilité vis à vis du marché du travail est principalement la conséquence des écarts observés au niveau des enseignements secondaires et supérieurs. Alors que le ratio fille/garçon est proche de 1 au niveau primaire, les écarts importants de niveau d’instruction en défaveur des femmes sont observés pour les niveaux secondaires et supérieurs avec respectivement 21% contre 16% et 8% contre 6.
23% des jeunes filles ayant arrêté l’école affirment que c’est à cause des grossesses et des mariages précoces (23%) et 42% répondent que c’est en raison de l’incapacité financière des parents.
Ainsi, le décrochage scolaire très tôt, et les grossesses précoces qui font de ces jeunes filles des « jeunes mamans » seraient des facteurs favorisant les violences faites aux femmes. N’ayant pas de sources de revenus, dépendant en totalité des hommes, tout est réuni pour subir toutes sortes de violences. A la répression des actes de violence, il faut y joindre la sensibilisation des jeunes filles sur les grossesses précoces et leurs conséquences, et l’accompagnement véritable de ces jeunes filles afin qu’elles puissent aller le plus loin dans leurs études.
La lutte contre les inégalités et les violences faites aux femmes passe par les mêmes chances de réussite pour les hommes et les femmes. Desu lois fortes doivent être aussi adoptées dans le milieu professionnel, pour permettre aux femmes, à diplôme égal, d’occuper les mêmes postes que les hommes.
JPN