En difficulté au Cameroun, l’avenir de Rougier plus qu’incertain en Afrique.

LIBREVILLE, GABON (medias241.com)- Rougier, négociant en bois tropicaux implanté à Niort (Deux-Sèvres) mais qui emploie la quasi-totalité de ses salariés en Afrique, a déposé son bilan vendredi dernier, et son avenir semble plus incertain que jamais.

L’information de ce dépôt de bilan a été communiquée par le tribunal de commerce de Poitiers.

Le groupe de son côté a indiqué, mardi soir dans un communiqué, avoir « demandé, avec le soutien de ses principaux créanciers français, l’ouverture de procédures collectives au bénéfice de certaines sociétés françaises uniquement auprès du tribunal de commerce de Poitiers ».

Le tribunal de commerce de Poitiers examinera ces demandes vendredi, précise Rougier, qui a promis de communiquer pour annoncer la décision de cette juridiction. Le tribunal devrait décider le 13 mars de la suite à donner: liquidation ou mise en redressement judiciaire, a-t-on appris auprès de l’instance.

Le groupe explique qu’il « fait face à des difficultés persistantes au Cameroun », évoquant « l’engorgement chronique » du port de Douala qui a « profondément perturbé les activités des filiales camerounaise, congolaise et centrafricaine ».

« Cette situation a provoqué des tensions de trésorerie persistantes, accentuées par le retard des remboursements des crédits de TVA des filiales opérationnelles africaines », détaille Rougier.

Le groupe ajoute qu’il a d’abord pris des mesures en interne, avant d’engager des discussions avec ses principaux créanciers en France.

Rougier avait auparavant précisé que « les crédits de TVA des états africains en attente de remboursement, pour le Cameroun sont de l’ordre de quasiment 10 millions d’euros ».

Le négociant emploie quelque 3.000 personnes dans le monde dont 2.900 en Afrique, et contrôle sept usines sur ce continent.

La cotation des titres du groupe, qui avait accusé en 2016 (dernier chiffre connu) une perte nette de 6,3 millions d’euros, avait été suspendue à sa demande le 27 février, « jusqu’à nouvel avis », selon Euronext à Paris.

La direction de Rougier évoquait toujours, mardi, des stocks « significativement grossis du fait de la non-évacuation des expéditions d’un port complètement saturé qui ne fait l’objet d’aucun investissement et qui par ailleurs est considérablement ensablé, ce qui gêne les bateaux pour aller jusqu’aux quais prendre les colis à expédier ».

« Avec l’absence d’implication de l’Etat camerounais pour améliorer cette situation, le groupe n’a pas eu d’autre choix que de mettre au chômage technique l’ensemble de ses effectifs au Cameroun – quelque 700 personnes- et donc d’arrêter temporairement ses activités au Cameroun », a indiqué la direction.

Des activités en France rentables

La société, « en péril, avec une baisse de rentabilité, des tensions de trésorerie » a opéré, sous la houlette de Francis Rougier, 70 ans, petit-fils du fondateur appelé à la rescousse il y a trois semaines, « un recentrage stratégique » pour tenter de redresser la barre.

Le point de tension « s’est accentué au second semestre 2017 » au port de Douala, qui constitue également un point d’évacuation des productions congolaises. Cela complique encore la donne, souligne-t-on chez Rougier.

Le chiffre d’affaires 2017 affichait une baisse de 7,5 % sur les 149,4 millions d’euros de 2016.

Le groupe, fondé en 1923, mène trois activités principales pour commercialiser du bois dans 50 pays: Rougier Afrique International (exploitation de forêts naturelles, transformation industrielle et commerce international), l’importation et la distribution en France de bois de toutes origines, et les plantations (étude, gestion, et investissements dans les plantations forestières industrielles en Afrique).

La branche importation et distribution en France représente « 25 % environ du chiffre d’affaires », et n’a pas de problèmes de rentabilité ni de pérennité, contrairement aux activités africaines, a indiqué le groupe.

Rougier possède six usines de sciage en Afrique: trois au Gabon (à Mevang, Ivindo, et Mbouma), deux au Cameroun, (à Djoum et Mbang) et une depuis peu, en République centrafricaine (à Moualé) ainsi qu’une usine de déroulage de contreplaqué au Gabon. Il exploite au total 2,3 millions d’hectares de forêts.

A fin 2016, le groupe supportait une créance de 8 millions d’euros de TVA non remboursée par le seul Cameroun, et de 15,6 millions d’euros en incluant les créances du Congo et du Gabon.

La famille Rougier possède 60 % du capital, celle d’Eric-Bastien Ballouhey 4,2 %, les salariés 2,1 %, et le flottant en bourse s’élève à quelque 32,7 % avec 1 % d’auto-contrôle.

 

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