Gabon : « Le vatican voit d’un très mauvais oeil » l’activisme politique des dirigeants de l’Eglise catholique 

L’église catholique du Gabon va-t-elle rejoindre l’opposition politique et présenter des candidats aux élections ? Son culte et ses sacrements seront-ils désormais réservés aux seuls « saints » de l’opposition ? On n’est tenté de répondre par l’affirmative, devant l’activisme politique affiché par certains ecclésiastes.

Réputé proche des anciens ministres Chambrier, Missambo et Nzouba, l’archevêque de Libreville, Jean Patrick Iba Iba est désormais considéré par certains observateurs comme un homme politique, après avoir mis les travaux de la  Conférence épiscopale nationale du Gabon au service de l’agenda de la plateforme  » Alternance 2023″

Il faut dire qu’en pleine pandémie sanitaire, alors même que les messes publiques étaient suspendues au Vatican, et qu’en dehors des fêtes, elles n’attirent pas les foules, ce dernier avait voulu braver la décision des autorités d’interdire les cultes. Une attitude qui avait fait le lit de certains appels à peine voilés à l’insurrection.

Au cours de la Conférence épiscopale nationale du Gabon qui se tenait il y a quelques semaines, plusieurs dirigeants de l’Eglise catholique gabonaise se sont livrés à des déclarations politiques saluées par une partie de l’opposition. Mais dans les vestiaires de l’église, le malaise se fait de plus en plus pressant. Selon une source proche de l’Archevêché,  il y aurait désormais « incompatibilité entre la mission religieuse et  les affinités politiques ». Un crédo que partage également le Vatican qui voit d’un très mauvais œil les « sorties politiques » de l’archevêque de Libreville.

Pour un autre observateur de la société gabonaise:  «  Depuis que Jean Patrick Iba Iba a été nommé archevêque de Libreville par sa sainteté le pape François, il est très visible sur la scène politique gabonaise, alors que les églises catholiques se vident de leurs fidèles. Les gens ne viennent pas à l’église pour qu’on leur dise pour qui voter. » 

Pourtant la loi du 9 décembre 1905, concernant la séparation des Églises et de l’État est claire. Elle garantit d’un côté le libre exercice des cultes et de l’autre, proscrit la tenue de réunions politiques dans les locaux cultuels.

Il est vrai que par leur charisme, les prédécesseurs de  l’actuel Archevêque de Libreville ont fait en sorte que les dirigeants de l’Eglise Catholiques soient toujours traités par la République avec certains égards.

Mais il n’est pas exagéré de rappel à certains de leurs héritiers que le Gabon est pays laïc dans lequel toutes les religions se valent. Le culte catholique , malgré son patrimoine n’est pas au dessus des cultes de nos forêts, ni des cultes de réveil, ni du culte musulman. Il est temps que l’Eglise catholique se souvienne de sa place, celle d’une association religieuse.

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