Malgré des avertissements clairs émanant de la communauté économique et financière internationale, le gouvernement de transition gabonais a dévoilé un budget 2024 revu à la hausse lors du conclave du 31 août. Avec une augmentation de 331,4 milliards de francs CFA, les dépenses publiques atteignent désormais 4 493,4 milliards de francs CFA. Ce Projet de loi de Finances Rectificative, qualifié de « budget-vérité », soulève cependant des doutes quant à sa viabilité et au véritable coût pour une économie fragile.
Un Contexte Économique Précaire Ignoré
Le Gabon prévoit une croissance du PIB de 3% en 2024, une hausse modeste par rapport aux 2,9% de 2022, mais cette projection repose sur des paris risqués. La production pétrolière, censée compenser une baisse significative des prix du manganèse (-24%), reste la principale source d’optimisme. Toutefois, cette dépendance aux hydrocarbures expose dangereusement l’économie gabonaise à une volatilité des marchés internationaux. Alors que les perspectives économiques s’amenuisent, cette flambée des dépenses publiques peut sembler téméraire.
Des Dépenses en Hausse Malgré les Avertissement
Face à ces incertitudes, l’augmentation des dépenses d’investissement de 18,5%, destinée à financer des projets infrastructurels dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des transports, pourrait être perçue comme louable. Mais l’irresponsabilité budgétaire est palpable dans d’autres domaines, avec une explosion des dépenses de fonctionnement (+40%) qui incluent, de manière discutable, 27 milliards de francs CFA pour l’organisation d’un référendum constitutionnel.
L’intention affichée de présenter un « budget-vérité » ne parvient pas à masquer l’audace – voire l’insouciance – de ces choix. Le FMI a pourtant averti, exhortant le Gabon à améliorer la gestion de ses finances publiques. Loin de s’inscrire dans une stratégie de consolidation fiscale, le budget de 2024 semble jouer avec le feu.
Transparence ou Poudre aux Yeux ?
Le gouvernement insiste sur ses efforts pour améliorer la transparence, mais cet engagement semble plutôt cosmétique. Si l’on veut réellement combler les déficits budgétaires hérités du passé, il faudra plus que des promesses. Les mesures prises pour régulariser les agents publics sont un exemple de cette myopie budgétaire. Maintenir plus de 2 600 agents recrutés en 2023 et régulariser 8 000 autres en pleine crise économique alourdit un budget déjà en déficit.
Un Déficit qui Se Creuse et une Dette Hors de Contrôle
Alors que le déficit budgétaire devrait atteindre 4,2% du PIB, contre 1,8% l’année précédente, la dette publique risque d’exploser au-delà du seuil communautaire de 70% du PIB. Déjà, Fitch Ratings et Moody’s ont abaissé la note du Gabon, préoccupés par les « tensions financières aiguës » du pays. Le récent retard de paiement envers la Banque mondiale a jeté de l’huile sur le feu, révélant la fragilité de la situation.
Un Risque Calculé ou une Fuite en Avant ?
Le gouvernement tente un pari risqué : financer ses ambitions tout en ignorant ostensiblement les réalités financières du pays. Certes, ces mesures répondent aux attentes sociales et politiques à court terme, mais à quel prix ? L’avenir dira si ce projet budgétaire pourra offrir les résultats espérés ou si, au contraire, il précipitera le Gabon dans une crise économique encore plus profonde.
ce budget 2024 ressemble plus à un coup de poker qu’à une stratégie économique réfléchie. Si le gouvernement de transition échoue à attirer les investissements nécessaires et à diversifier l’économie, le Gabon pourrait se retrouver face à un gouffre financier difficile à combler.