Le Comité constitutionnel national, dirigé par la ministre de la Réforme des institutions Murielle Minkoue épouse Mintsa, a officiellement présenté le projet de nouvelle Constitution du Gabon. Bien que ce texte soit présenté comme un reflet des « aspirations légitimes du peuple gabonais » et qu’il se veuille innovant en intégrant les réalités sociopolitiques et culturelles du pays, il n’a pas manqué de susciter des interrogations et des critiques.
Une concentration accrue du pouvoir exécutif
L’un des points les plus remarquables de ce projet de Constitution est la concentration accrue du pouvoir exécutif entre les mains du Président de la République. Selon Murielle Minkoue épouse Mintsa, le Président « assumera désormais la plénitude du pouvoir exécutif », soutenu par un vice-président et le reste du gouvernement. Cette centralisation pourrait s’avérer préoccupante dans un pays où la séparation des pouvoirs est déjà un sujet de débat. Les critiques craignent que cette modification ne renforce un système présidentiel déjà perçu comme autoritaire, limitant encore plus la marge de manœuvre des autres branches du gouvernement.
Une élection présidentielle encadrée et exclusive
Autre modification majeure : les conditions d’éligibilité à la présidence. Le projet stipule que « le Président est élu au scrutin uninominal à deux tours pour un mandat de sept ans renouvelable une fois ». Ce changement semble renforcer la stabilité politique en imposant une durée de mandat plus longue, mais soulève également des inquiétudes quant à la démocratisation du pays. De plus, en restreignant la candidature aux « Gabonais nés de parents eux-mêmes nés Gabonais », le texte pourrait être perçu comme une tentative d’exclusion de certains citoyens, alimentant ainsi un sentiment de marginalisation parmi les communautés qui ne remplissent pas ces critères.
L’impossibilité de réviser certaines dispositions constitutionnelles
L’un des aspects les plus controversés du projet est l’inclusion d’une clause interdisant toute révision future des dispositions relatives au nombre et à la durée des mandats présidentiels. Une telle mesure, bien qu’elle puisse être justifiée par le besoin de stabilité, pourrait aussi être interprétée comme un moyen de verrouiller le pouvoir en place, empêchant toute modification future en réponse aux évolutions politiques et sociales du pays. La possibilité de poursuites pour haute trahison contre tout président qui tenterait de modifier ces dispositions ajoute une couche supplémentaire de rigidité à cette réforme constitutionnelle.
Un projet qui divise l’opinion publique
Si le projet de nouvelle Constitution se veut un reflet des aspirations populaires, il divise néanmoins l’opinion publique. Certains y voient une modernisation nécessaire des institutions gabonaises, tandis que d’autres redoutent une dérive autocratique renforcée. Les défenseurs du texte soutiennent qu’il apporte des réponses adaptées aux réalités actuelles du Gabon et qu’il est nécessaire pour garantir une stabilité politique à long terme. À l’inverse, les critiques dénoncent une tentative de renforcer le pouvoir présidentiel au détriment des principes démocratiques.
Quel avenir pour le Gabon ?
La présentation de ce projet de Constitution marque une étape clé dans l’avenir politique du Gabon. Alors que le texte doit encore être débattu et ratifié, il est essentiel que ces discussions se déroulent dans un climat de transparence et de participation citoyenne. Le peuple gabonais, dont les aspirations et les préoccupations sont au cœur de cette réforme, mérite d’être entendu et de jouer un rôle actif dans le processus décisionnel. La question demeure : cette nouvelle Constitution saura-t-elle répondre aux véritables besoins du Gabon ou n’est-elle qu’une tentative de renforcer le statu quo au bénéfice d’une élite politique ?