Justice: Le syndicat des magistrats dénonce « l’arbitraire » 

Le président du Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag), Germain Ella Nguema, a placé, il y a quelques jours, les tensions sociopolitiques au cœur de leur congrès ordinaire, appelant à la libération de personnes « arbitrairement détenues », au nom de l’apaisement. 

Le président du Synamag Germain Ella Nguema a fermé le congrès ordinaire des magistrats le 7 mars , par un appel à la libération de ceux qu’il a qualifié de prisonniers d’opinion. 

« Aux collègues, au nom de l’apaisement, nous demandons la libération pure et simple de tous les détenus d’opinion incarcérés sous les fallacieux prétextes de délits de droit commun», a clamé le président du Synamag s’interrogeant sur la pertinence de ces détentions.

« Comment pouvons-nous accepter de maintenir en détention des personnes pour lesquelles nous sommes convaincus de leur innocence ? », s’est-il interrogé, persuadé que cette situation portait atteinte au vivre ensemble des Gabonais. 

Cette sortie plutôt singulière des hommes en robe noire, intervient alors que des voix dans l’opinion stigmatisent la détention d’un certain nombre de figures politiques et d’activistes. Le Synamag fait allusion à Bertrand Zibi, Frédéric Massavala, Pascal Oyougou, d’anciens hiérarques du parti au pouvoir, passés dans l’opposition. Mais aussi des activistes comme Landry Amiang et Gaël Koumba Ayouné, connus respectivement pour la virulence de leurs propos, contre le président Ali Bongo Ondimba et son directeur de cabinet Brice Laccruche Aliangha, dans les réseaux sociaux.

Cet appel prend le contre-pied des membres du parti au pouvoir qui affirment haut et fort qu’il n’y a pas de prisonniers politiques au Gabon. 

Mais aussi curieux que cela puisse paraître, le gouvernement n’a pas jusque-là  commenté cette prise de position publique qui jette un pavé dans la mare, semant le doute sur l’indépendance de la justice dans ces affaires. Reste à savoir si le Premier ministre, Julien Nkoghe Bekale se saisir de cette sortie pour ouvrir le dialogue dont il s’est dit disposé et que beaucoup d’acteurs notamment le groupe des 41 partis politiques de l’opposition souhaitent.

Dans tous les cas, la libération de ces prisonniers ne dépend que des seuls magistrats, alors que l’apaisement des tensions politiques dépend des acteurs politique et de la société civile.  

Marianne IWANY 

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