Depuis l’affaire du kevazingo gate qui a éclaté le 7 mai 2019, les sociétés forestières, membres de l’UFIGA (Union des Forestiers Industriels du Gabon) sont dans l’impasse. Départagés entre le respect de la décision gouvernementale et l’envie de continuer à exercer, les membres de cette union subissent l’impact économique qui se fait ressentir dans la filière.
373 des 5184 employés des sociétés membres de l’UFIGA sont au chômage technique et ne perçoivent que 50% de leurs salaires de base. D’ici une semaine, 760 pourraient rejoindre leurs rangs.
Plusieurs sociétés syndiquées à l’Union des Forestiers Industriels du Gabon ont perdu un mois et demi de réserve de trésorerie. Voilà quelques chiffres qui montrent que la filière bois est dans la tourmente.
C’est d’ailleurs l’une des principales raisons qui a poussé les 15 entreprises que compte l’UFIGA a donner une conférence de presse pour tirer sur la sonnette d’alarme en ce qui concerne l’ampleur des dégâts de l’affaire kevazingo sur la filière forêt-bois pour les sociétés utilisant le port d’Owendo où il y a un blocus et dont l’onde de choc se propage déjà jusqu’à l’intérieur du pays.
Afin d’éviter la ruine de ces entreprises forestières par manque de matière première, l’UFIGA demande à ce que les 12000 mètres cubes de stock de produits transformés, sans rapport avec le kevazingo, soient exportés. “A quoi sert-il de couper des grumes et les transformer si l’on ne peut les évacuer, les exporter?”, s’interroge Lucien Ogouenda-Joseph DRH de Rougier-Gabon. “Le non-respect des délais contractuels de livraison peut coûter cher à nos membres. Et les clients peuvent se tourner vers de nouveaux fournisseurs, avec le risque évident de perte de part de marché” explique François Van de Ven, délégué de l’UFIGA.
Pendant ce temps, la société civile pour l’économie verte en Afrique centrale (ROSCEVAC), et l’alliance panafricaine pour la justice climatique rencontraient la commission environnementale, protection de la nature et développement durable de l’Assemblée Nationale sur les mêmes questions. “Nous avons demandé aux parlementaires d’accélérer l’urgence judiciaire pour minimiser l’impact de la non-exportation des produits, même légaux, sur l’économie nationale”, a précisé le coordonnateur du processus REDD+, membre de la société civile, Fabrice Tchango.
Dans tous les cas, il faut que l’administration trouve une solution qui puisse satisfaire la justice et l’économie.
Pierre Rolland