Un rapport de la direction technique de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN), sur la population vivant sur les berges de l’Ogooué, en amont de Lambaréné, avait alerté depuis le 9 juillet 2019, la mort mystérieuse de plusieurs centaines de poissons. Une alerte confirmée par les cadavres de poissons que l’on peut observer au-dessus du fleuve qui traverse la province du Moyen-Ogooué pour longer les autres régions du Gabon.
Après cette alerte du 9 juillet, s’en est suivie celle du 17 juillet 2019, où les populations du village Lézinda, à l’embouchure de la Ngounié et du lac Zilé ont également signalé le phénomène mystérieux des poissons morts.
Dans un rapport de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN), le drame de la mort mystérieuse de centaines de poissons fait craindre l’intoxication des populations avec l’arrivée de la saison sèche et l’activité de la pêche qui rentre dans son pic de fréquence.
Pour de multiples « pêcheurs » venus des quatre coins du pays qui sont attirés par ce phénomène, cette mortalité rend facile la capture de cette denrée alimentaire très prisée.
Heureusement jusqu’à présent, aucun cas de décès ou de maladie lié à une intoxication n’a été signalé ou enregistré dans la région. Dans ce rapport, malgré des prélèvements d’eau qui avaient été effectués dans le lacs Nkoghé et qui sont en attente d’analyse, les causes de ce drame ne sont pas encore déterminées.
En revanche, le rapport parle d’une utilisation possible de produits toxiques pour la capture des poissons ou d’un déversement volontaire ou accidentel de produits chimiques dans les cours d’eau se déversant dans l’Ogooué et dans la Ngounié.
Les changements climatiques peuvent être aussi liés de façon indirecte à cette tragédie, par une baisse rapide des eaux provoquant un appauvrissement en oxygène et une élévation d’azote et de phosphore dans les lacs.
Plusieurs suppositions qui laissent apparaître de nombreuses questions sans réponse. Pourquoi ces épisodes de mortalité ponctuels et massifs de cette denrée alimentaire ? Pourquoi ces phénomènes de pollution diffuse ?
Il faut rappeler que certains témoins-pêcheurs laissent penser que cette mortalité peut être due à une « pollution diffuse » et un à « phénomène multifactoriel ».
Mais pour la direction technique de l’ANPN, cette explication apparaît insuffisante au regard du caractère aigu des événements. C’est pourquoi l’administration du site Ramsar du Bas-Ogooué, recommande vivement de faire appel aux services de la cellule scientifique de l’ANPN pour la collecte d’échantillons, ainsi qu’à l’expertise des vétérinaires. Elle sollicite les services du laboratoire du CENAREST pour l’analyse de ces échantillons, demande de mettre en place une équipe mixte (Gendarmerie, ANPN, administration du ministère en charge de la Pêche), pour mener des investigations dans l’ensemble de la zone touchée par le phénomène de mortalité massive des poissons.
Les investigations de la zone impactée nécessitent de mobiliser trois types d’acteurs. Cela se justifie par le fait que leur engagement dans la situation actuelle présente une typicité, une régularité et une prévisibilité que les simples informations recueillies auprès des populations ne peuvent pas permettre de mettre en évidence l’origine ou la cause de cette importante mortalité de poissons.
Pour l’heure, il est recommandé de faire attention à la consommation des poissons venus de cette partie du pays.
Pierre Rolland