LIBREVILLE, GABON (medias241.com) – Réunies le 6 décembre dernier à Libreville, la Ligue nationale de football professionnel (Linafp) et l’Association des clubs de D1 et D2 ont tiré la sonnette d’alarme sur la saison 2017-2018, n’ayant toujours pas démarré jusqu’ici. Pire, rien ne laisse présager que les choses pourraient s’améliorer dans un futur proche.
Prévu démarrer le 28 octobre passé, la saison 2017-2018 n’est visiblement pas encore à l’ordre du jour.
Mais où sont donc passé les 10 milliards de francs CFA par année que devait injecter l’Etat gabonais pour professionnaliser le football gabonais et lui donner une certaine crédibilité.
«L’enveloppe est destinée à donner plus de punch au football national, et vise surtout à rompre avec les interruptions du championnat, le non paiement des primes aux joueurs, puis de créer l’émulation au sein des équipes engagées dans le championnat national», disait l’ancien président de la Ligue nationale de football (Linaf), Joel Birinda, lors d’une conférence de presse.
Il est clairement nécessaire de mettre les choses au point, si ce n’est de les remettre en place.
Le football gabonais présente depuis quelques années un visage les plus tristes, une baisse de niveau lamentable.
«Il y a trop de politique et voici le résultat», dixit Alain Makanga, ancien international gabonais et sociétaire de l’AS Sogara ayant joué une finale de la coupe d’Afrique des clubs vainqueurs de coupes en mars 1986.
Les gabonais n’ont plus l’amour du stade parce qu’ils ne se reconnaissaient plus à travers non seulement les clubs mais aussi à travers l’équipe nationale. Depuis lurettes, les compétitions de quartiers ou provinciales sont mieux appréciées par les gabonais par rapport au football dit semi-pro ou carrément professionnel.
Ajouté aussi que, jadis, les garçons (joueurs) sur le terrain étaient pétris de talents et régalaient sérieusement le public. Aujourd’hui, il n’y a plus rien. Comme c’est dommage.
«Il faut repartir aux fondamentaux. Le travail rien que le travail. Il faut former les cadres et les jeunes, mettre des moyens et être véritablement professionnel», pense Pacôme Idyata, un journaliste sportif.
Alors que les clubs de D2 et D1 sont quasiment prêts pour la reprise du National-Foot 2017-2018, l’absence de date fixe et la visibilité quant à la reprise de cette compétition inquiètent les clubs professionnels et la Linafp.
Brice Mbika Ndjambou s’est du reste, inquiété sur ce retard à l’allumage de la saison 2017-2018. «A l’allure où vont les choses, nous risquerons d’avoir quatre, sinon cinq mois maximum. Ce qui n’augure pas des lendemains meilleurs quant à l’amélioration du niveau de notre championnat national. Sans oublier ce que nous ambitionnons : c’est-à-dire avoir le maximum de sponsors qui viendraient regarder un bon et régulier spectacle», a-t-il alerté.
Une situation déjà pressentie lors de la saison dernière, où la phase 2 a repris avec beaucoup de peine. L’Etat a éprouvé toutes les peines du monde à honorer ses engagements financiers en matière de subvention. Ceux-ci étaient de trois milliards de francs CFA pour la saison 2016-2017.
La conséquence de tout ce «désordre» n’a pour seul résultat : Le désamour des Gabonais avec leurs équipes nationales.
Qualifié en son temps de projet qui arrive au bon moment (2012), les résultats ne sont malheureusement pas au rendez-vous.
Malgré quelques avancées, notamment la retransmission des matches à la télévision (plus maintenant d’ailleurs) et la mise en place d’un bilan médical obligatoire pour les joueurs, l’avènement du professionnalisme n’a pas eu les effets escomptés, peut on lire chez nos confrères de gaboneco.com. Sportivement d’abord puisqu’aucun club gabonais n’a actuellement l’étoffe d’une équipe à même de rivaliser les grandes formations sur le continent.
Autre fait, les dirigeants s’enrichissent alors que les joueurs sont toujours à réclamer leur salaire (pour certains clubs), malgré l’instauration d’un salaire minimum fixé à 400 000 FCFA (environ 610 euros).
Sous couvert d’anonymat, l’un d’eux affirme, «Quand j’entends les autres joueurs et amis qui jouent hors du pays me parler de leur quotidien, il m’arrive parfois de pleurer dans ma chambre parce que, chez nous parler même de ton salaire, le réclamer est tabou mais que voulez-vous c’est le pays ».
Un autre affirme : «J’ai été expulsé de mon logement pour défaut de paiement. Mon fils scolarisé dans une école privée, ne va plus en cours à cause du non-paiement de ses frais de scolarité».
Contrats bafoués lorsqu’ils ne sont pas inexistants, absence de statut juridique et de sécurité sociale : les footballeurs professionnels gabonais ne sont guère protégés. Seul le club de Mangasport paierait dans les temps et fonctionne sans s’en remettre aux subsides publics. Pour défendre leurs droits et sensibiliser l’opinion publique, les joueurs se sont regroupés au sein de l’Association nationale des footballeurs professionnels du Gabon (ANFPG).
Il y a des joueurs sinon des équipes qui cumulent des arriérés de salaires de plus de 18 mois.
Dans ces conditions, une relance durable du National Foot est-elle envisageable ? Comment un championnat censé se dérouler sur onze mois pourra-t-il se disputer en quatre ou cinq mois?-comme l’envisage les dirigeants de la Linafp– La phase retour sera-t-elle tout bonnement escamotée? Pour obtenir une réponse à toutes ces questions, une source bien introduite dans le football gabonais nous renvoie toujours au seul et même homme : « Il faut demander à la présidence, c’est eux le concepteur du championnat professionnel».