Patrimoine: Notre Dame des Trois Épis de l’Équateur à Sindara, oubliée.


L’oeuvre accomplie par cette mission est sans doute l’une des plus importantes dans notre pays. Sur le plan de la formation mais aussi de l’évangélisation des peuples Tsogho, Ghisir et Fang. Un site chargé d’histoire.

Alors que des français se mobilisent et débloquent des millions d’euros pour la restauration de « Notre Dame de Paris » touchée par les flammes ce lundi 15 avril 2019, l’un des patrimoines culturels et religieux du Gabon tombe en ruine. Fondée en 1899 par le Père Boutin et le Père Barreau, la mission a eu le privilège d’accueillir le premier prêtre gabonais, l’abbé Raponda Walker, qui selon son carnet de voyage « En pays Ishogo » publié entre 1907 et 1910, s’est formé à la pratique des langues et traditions des peuples vivant dans les environs. Ce site chargé également d’histoire, qui était un marché d’esclaves et donc la principale ville de la Ngounié jadis, connu les affres de la révolte de Mbombet qui donna lieu, en 1904, au massacre d’une quinzaine d’autochtones, de 2 européens et 3 sénégalais et le sergent Sampic fut dépecé et dévoré.

Pour beaucoup la Mission de Sindara c’est aussi le pèlerinage à Notre Dame des Épis, une statuette mariale qui doit sa venue à Sindara à l’issue d’un songe.  Disparue pendant cinq décennies, elle fut retrouvée miraculeusement dans un coin de la mission, intacte. Cette église centenaire, témoin de tant d’événements majeurs de notre pays, et qui a eu un petit séminaire et accueillit de nombreuses générations dans les années 1970 et 1980, a elle aussi été touchée par les flammes. Aucune mobilisation majeure autour de ce drame, aucune grande communication sur les causes du drame.

Toujours est-il que notre Dames des Trois Epis est resté debout même si ce qui reste de la mission sont les bâtiments de briques rouges et les deux chapelles. Pendant qu’on s’émeut pour Paris, plusieurs questions devraient nous interpeller: est ce que le mot patrimoine a une valeur au Gabon? à en juger par la facilité avec laquelle on dilapide les héritages familiaux et nationaux. Qu’en a t-on fait de la statuette mariale ramenée en France pour une pseudo restauration? le pseudo bienfaiteur l’a gardée pour lui… en France? Qu’en est il du projet de restauration de la mission et de la relance de l’internat lancé au début des années 2000, par la fondation Edith Stein?

Pierre Rolland

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