Lors de sa conférence de presse du 18 juillet 2022, Désiré Aba’a Minko, acteur politique qui avait simulé une attaque à la bombe dans le centre de Libreville en juin 2017, a affirmé avoir partagé les détails de son opération avec averti Helmut Kulitz, chef de la représentation diplomatique de l’Union européenne à l’époque des faits.
C’est d’ailleurs dans le bureau de ce dernier que le « terroriste » Désiré Aba’a Minko avait été pris par les forces de l’ordre, après une cavale de quelques heures. Des révélations extraordinaires qui mettent en évidence l’ingérence avec un parti-pris évident de certains diplomates européens dans les affaires de politiques internes et dans le cas d’espèce de sécurité du Gabon.
Qu’est-ce qui explique qu’une personne qui vient de menacer publiquement de faire exploser et de tuer des centaines de civiles, aille trouver, avec une certaine aisance, refuge dans le bureau d’un ambassadeur européen ? Cette révélation étonnante de Désirée Aba’a Minko n’honore pas l’UE au Gabon, et encore moins les autorités gabonaises qui l’avaient passée sous silence.
L’ingérence des diplomates européens dans les affaires de politiques internes au Gabon a connu son pic en 2016 lorsque, invités à observer le déroulement des élections présidentielles, certains membres de la mission d’observation électorale de l’Union européenne (UE) ont été aperçu dans le domicile d’un des candidats. Passant de simples observateurs à conseillers en stratégie. Leurs prises de paroles sur le résultat des élections et les commentaires qu’ils en ont fait à l’époque avaient soulevé beaucoup de questions sur le rôle et les réels objectifs de cette mission d’observation.
Accrédité auprès des autorités gabonaises, Phillipe Autié, ancien Ambassadeur de France au Gabon, ne se privait pas d’aller donner des conseils aux dignitaires de l’opposition sur les actions à mettre en place pour prendre le pouvoir, ou discuter des « relations bilatérales entre la France et le Gabon » avec Jean Ping, candidat malheureux à la présidentielle.
Du jamais-vu en diplomatie. Pourtant, pour les mêmes « activités subversives, »le Benin avait expulsé l’Ambassadeur de l’Union européenne en décembre 2019. Au Gabon, Phillipe Autié, bien que sortie par la plus petite des portes a pu terminer son mandat, sans aucune protestation des autorités gabonaises.
Proche de Phillipe Autié, Rosario Bento Paìs, actuelle Ambassadrice de l’Union européenne, semble ne pas être en reste de cette culture de l’ingérence et du paternalisme propre à certains ambassadeurs européens. Celle qui a pour le pouvoir Gabonais une aversion difficile à cacher, aurait selon certaines indiscrétions, fait du lobbying contre l’adhésion du pays au Commonwealth. Décrivant à ses hôtes le Gabon comme un « régime autoritaire dans lequel les libertés sont réduites et les opposants embêtés » On se croirait en Corée du Nord.
Répondant à une question ambiguë d’un confrère à qui, chose surprenante, Rosario Bento Paìs a accordé une interview, alors que ces services snobent les demandes de certains médias. Cette dernière a déclaré : « Comme vous le savez, les représentations diplomatiques n’interviennent pas sur des enjeux de politique intérieure. »
Un double langage pour certains observateurs qui affirment que l’ingérence de certains diplomates européens dans les affaires internes se traduit aussi par le soutien à une certaines société civile aux idéaux politiques bien tranchés et assez curieusement anti-pouvoir. Il y a quelques années, un diplomate français avait réuni la crème de la presse proche de l’opposition pour les couvrir d’éloges sur leur « bon travail ». Pour informations, Mediapart est exclu de l’Elysée depuis le 1er mandat du Président Macron.
Alors qu’un récent rapport du Parlement européen mettait en garde contre les « multiples stratégies d’influence mises en œuvre par les régimes autoritaires pour biaiser le débat démocratique dans les pays de l’UE. » Il est curieux que certains diplomates se livrent sous couvert de leurs missions a des activités inamicales dans leurs pays d’acceuils
