Un an après la prise de pouvoir par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) au Gabon, les avis sur la gestion militaire divergent au sein de la classe politique. Si certains voient des avancées notables, Albert Ondo Ossa, ancien candidat à la présidentielle et figure de proue de l’opposition, ne mâche pas ses mots. Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Le Mbandja le 13 septembre 2024, Ondo Ossa a dressé un portrait sombre de l’année de gouvernance des militaires, qu’il juge « médiocre » et éloignée des véritables aspirations du peuple gabonais.
Un processus de transition dévoyé
Pour Ondo Ossa, la gestion du Gabon par le CTRI, dirigé par le Général Brice Oligui Nguema, ne correspond pas aux attentes d’une transition réussie. Il rappelle que la transition politique doit, en principe, conduire « d’un régime dictatorial à une démocratie ». Or, selon lui, les actions des militaires trahissent une volonté claire de s’accrocher au pouvoir plutôt que de le remettre aux civils, comme ils s’y étaient engagés.
Dans ce contexte, Ondo Ossa critique la réthorique incessante des nouvelles autorités qui prétendent « restaurer les institutions » tout en agissant, selon lui, en contradiction totale avec cette promesse. « Ils n’ont jamais respecté leur parole », déclare-t-il, ajoutant que les militaires sont désormais déconnectés des aspirations profondes du peuple gabonais.
Des attentes non satisfaites
L’un des points clés soulevés par Ondo Ossa concerne l’incapacité du régime militaire à répondre aux deux principaux défis auxquels le Gabon fait face : la mauvaise gouvernance et la dignité du peuple gabonais. Il rappelle que le peuple attend des réformes concrètes pour améliorer la gestion au sommet de l’État et restaurer une certaine dignité nationale, des aspects qui n’ont pas été sérieusement abordés par les nouvelles autorités.
Pour lui, les mesures annoncées par le CTRI ne sont ni claires ni efficaces et peinent à traduire les aspirations des Gabonais en actions tangibles. Les promesses de réformes institutionnelles semblent aujourd’hui plus éloignées que jamais.
Une dérive autoritaire
L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur va encore plus loin en affirmant que le Gabon sous la direction des militaires glisse dangereusement vers une nouvelle dictature. Il dénonce l’émergence d’un culte de la personnalité autour du Général Oligui Nguema. Selon lui, « la crise institutionnelle perdure et s’amplifie, on tend dangereusement vers la dictature, en passant par le culte de la personnalité. Rien ne sert de se voiler la face. La transition des militaires est un cuisant échec. »
Une vision contrastée du bilan
Les critiques d’Albert Ondo Ossa tranchent nettement avec l’avis d’autres acteurs politiques qui, eux, estiment que la transition militaire a permis certaines avancées, notamment en matière de sécurité et de réformes économiques. Cependant, pour l’opposant, ces progrès sont insuffisants et ne répondent pas aux besoins fondamentaux du peuple gabonais.
Ondo Ossa appelle à un véritable sursaut démocratique et à la mise en place de réformes profondes pour que le Gabon puisse retrouver un ordre constitutionnel respectueux des aspirations de sa population. Sa prise de position souligne les divisions persistantes au sein de la classe politique gabonaise quant à l’avenir du pays sous la gouvernance militaire.