Relance d’Africa N°1 : la poudre de perlimpinpin de Laurence Ndong ?

L’ambitieuse relance de la radio panafricaine Africa N°1 semble vaciller à peine amorcée. Alors qu’elle avait temporairement repris ses activités lors du Dialogue National Inclusif d’avril à mai dernier, le silence radio s’est de nouveau imposé sur ses ondes. Les émissions et journaux d’information ont été interrompus, laissant les auditeurs sur leur faim et les agents en colère.

Le retour d’Africa N°1 avait été présenté comme l’un des projets phares des autorités de transition, une initiative destinée à redorer l’image de ce fleuron de la radiodiffusion gabonaise. Mais aujourd’hui, la réalité est bien moins reluisante. Selon des sources internes, les agents opérant depuis le studio éphémère d’Angondjé dénoncent des conditions de travail précaires et pointent des arriérés de salaire.

Malgré les assurances de Laurence Ndong, ministre de la Communication et des Médias, lors d’une conférence de presse tenue le 22 novembre dernier, les frustrations restent vives. « Les agents sont payés depuis 2008, c’est vrai avec beaucoup de retard, mais avec rappel », a-t-elle déclaré. Une déclaration qui semble peu réconfortante pour des employés encore marqués par des années de désillusion et d’instabilité.

La reprise d’Africa N°1 avait suscité un regain d’espoir parmi les Gabonais et les amateurs de ce média à l’échelle panafricaine. Mais cet espoir s’estompe. Depuis la fin du Dialogue National Inclusif, la station s’est réduite à diffuser en boucle des programmes musicaux, s’éloignant de son rôle de Tam-tam de l’Afrique. Par ailleurs, son absence remarquée lors du récent référendum constitutionnel soulève des interrogations sur sa capacité à redevenir un acteur médiatique incontournable.

L’état du siège social d’Africa N°1, en rénovation, ajoute une ombre supplémentaire au tableau. Les travaux avancent à un rythme si lent qu’il est difficile d’imaginer leur achèvement dans les trois années prévues. Cet immobilisme alimente les doutes sur la volonté réelle des autorités de relancer la radio sur des bases solides.

Le gouvernement a-t-il précipité la relance d’Africa N°1 sans résoudre les problèmes structurels de l’entreprise ? Cette question hante les esprits, alors que les promesses de renouveau s’évanouissent dans le tumulte des revendications salariales et des retards dans les travaux.

Pour les auditeurs fidèles et les employés désabusés, Africa N°1 reste une icône en péril. Tant que des mesures concrètes et durables ne seront pas prises, cette relance risque fort de n’être qu’un écran de fumée, une « poudre de perlimpinpin » qui laisse un goût amer à tous ceux qui y croyaient encore.

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