RWANDA : LA RESPONSABILITÉ DE LA FRANCE MISE EN EVIDENCE DANS LE GENOCIDE

Pourtant très volubile il y a quelques semaines lors du «  concert des casseroles » au Gabon, la presse française notamment ses « spécialistes Afrique » font preuve d’un silence de cathédrale depuis la publication le 26 mars 2021 du rapport Duclert. Ce rapport de 992 pages met en évidence la responsabilité, au plus haut niveau de la gouvernance française, dans le génocide rwandais qui a fait près d’un million de morts entre avril et juillet 1994.

Présenté le 26 mars dernier au Président Emmanuel Macron qui l’a qualifié «  d’avancée considérable dans la quête de vérité » le rapport Duclert pointe des « Responsabilités lourdes et accablantes » ; Un « aveuglement continu  des responsables politiques » et une participation des choix français « à la désintégration du champ politique rwandais » pour ne citer que ces formules reprises par notre confrère Jeune Afrique.

Pour Vincent Duclert, le président de la commission d’historiens sur le rôle de la France au Rwanda, ce rapport est accablant. En effet, ce dernier affirme que la France est « coupable » d’avoir appliqué au Rwanda une politique qui a «  contribué a emmener le génocide des Tutsis » pour ce dernier «  la France par une politique d’alignement sur le régime extrémiste d’habyarimana  NDLR Juvénal Habyarimana, président de la République rwandaise de 1973 jusqu’à son décès dans un attentat en 1994 a malheureusement précipité la catastrophe » 

Un travail de «  vérité » qui vient conforter la position des autorités rwandaises qui ont toujours pointé du doigt le rôle de Paris dans le génocide. On se souvient de ces terribles accusations du Président Kagame en avril 2014 lorsqu’il  pointait la « complicité » de responsables français sur la base des nombreux témoignages des survivants. Offusquée par ces accusations, Christiane Taubira, alors ministre de la Justice qui devait prendre part aux commémorations du génocide quelques jours plus tard avait décidé de ne plus représenter son pays.

L’ambassadeur français qui devait la remplacer avait été prié par les autorités de ne pas se déplacer. Ce qui n’avait pas empêché Paul Kagame, le Président Rwandais, de déclarer lors de son discours  qu’« Aucun pays, même s’il arrivait à s’en convaincre lui-même, n’est assez puissant pour changer les faits… Les faits sont têtus » (cette dernière phrase a été prononcée en français, comme une adresse à la patrie des droits de l’homme, alors que le reste du discours était en anglais).

Les cris d’orfraies,  le lendemain de Manuel Valls, Premier ministre de l’époque que l’histoire récente à relégué dans les poubelles de l’histoire n’y avaient rien changé. Les faits sont têtus.

Aujourd’hui plusieurs intellectuels français pointent un doigt accusateur sur les gouvernants français pour leur «  complicité » De Hubert Vedrine, à Alain Juppé, en passant par François Hollande, aucun de ces « illustres personnages » n’est épargné. Selon un document publié par le site d’investigation Mediapart.com prouve que les autorités françaises de l’époque avaient même ordonné de ne pas arrêter les auteurs du génocide en fuite.

Une des illustrations les plus pertinentes de ce laxisme des autorités est la protection accordée depuis 30 ans à plusieurs proches du régime génocidaire alors qu’ils sont recherchés par la justice internationale. Fondateur d’un groupe criminel «  les forces démocratiques de libération du Rwanda » Aloys Ntiwiragabo vivait paisiblement jusqu’en juillet 2020 dans la banlieue d’Orléans.

Malgré toutes ces révélations, c’est le silence du côté des médias mainstream français dont on connaît pourtant la volubilité au moindre petit fait divers sous les tropiques. La dernière couverture du  » concert des casseroles” au Gabon en fait foi.

Mais dans le cas d’espèce, point d’éditorial enflammé, point « d’appels sur l’actualité » pour commenter ce rapport, point de plateau TV, la France médiatique semble s’être, comme il est de coutume dans ce genre de cas, passée la consigne de cacher aux milliers d’africains qu’elle abreuve d’informations «  libres et indépendantes » quotidiennement de ne rien publier sur le sujet.

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