Le 12 juin 2024, nos confrères de Gabonreview ont rapporté une nouvelle d’une importance capitale : la construction d’une rampe à l’École nationale d’administration (ENA) pour faciliter l’accès des personnes en situation de handicap. Une installation qui a juste 28 ans de retard.
Selon notre confrère, « Cette construction de rampes intervient quelques mois après l’accueil et l’orientation des candidats pour le concours. Au cours de cette journée, un candidat handicapé avait du mal à accéder au bâtiment pour récupérer sa fiche de candidature. »
Fière de cette réalisation titanesque, la direction de l’ENA n’a pas hésité à inviter la sénatrice Berthe Boubou Bokoko épse Pecke, présidente de la commission santé, affaires sociales, éducation, affaires culturelles et communication du Sénat, pour lui présenter cette œuvre architecturale en béton. Ironie du sort, le siège du Sénat, où la sénatrice officie, est lui-même dépourvu de cette fameuse rampe. Quelle belle leçon de cohérence !
Gabonreview précise à ce propos qu’« Au niveau du Sénat, les vénérables Berthe Boubou Bokoko épse Pecke et Marie-Francine Ntorebouga Odjele ont pris à bras le corps le combat des personnes vivant avec un handicap » sans nommer les initiatives prises par ces deux « élues » en la matière depuis leurs nominations.
Si cette scène prête à sourire, elle révèle surtout une méconnaissance flagrante des lois par certains responsables politiques. Pour mémoire, l’installation de rampes d’accès dans les bâtiments publics est une obligation légale depuis… 28 ans.
En effet, la loi 19/95, régissant l’organisation de la protection des personnes handicapées au Gabon et qui ne demande qu’a être appliqué, stipule en son article 13 que : « Toute construction d’édifice public doit répondre aux normes d’accessibilité et de circulation des personnes handicapées ». Cette loi, rappelons-le, avait été signée par l’ancien Président Omar Bongo, le Dr Paulin Obame Nguema, alors Premier ministre, et Sébastien Mamboundou Mouyama, ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale.
Était-il vraiment nécessaire de mobiliser la presse et deux membres du Sénat pour présenter une simple rampe en béton, comme s’il s’agissait d’une avancée technologique majeure ? Une rampe qui, en réalité, n’est que l’application tardive et scandaleuse d’une loi en vigueur depuis près de trois décennies. La prestigieuse ENA n’a donc pas d’actualité plus pointue ?
Au-delà de l’ironie de la situation, cette initiative soulève de sérieuses questions sur la réactivité et la prise en compte des besoins des personnes en situation de handicap par nos institutions. Il y a encore malheureusement de nombreux édifices publics dépourvus de rampes d’accès pour personnes en situation de handicap.