Alors que certaines de ses homologues proposent des services bancaires, l’envoi de courrier digitalisé et la demande de documents à distance, la Poste gabonaise semble être coincée dans un mauvais rêve en 1983.
Pour nos lecteurs nés après 2004, une boîte postale est un dispositif proposé par les services postaux qui permet à son utilisateur de disposer d’une boîte nominative au bureau de poste, où le courrier est déposé. Ce service existe dans les rares pays du monde où la distribution ne se fait pas porte à porte.
Présentée comme une nouveauté, la baisse des prix des quelques 100 000 boîtes postales déclarées restantes soulève des questions sur la capacité des dirigeants de la Poste à innover dans cette entreprise soutenue par l’argent public. Surtout que la même manœuvre (baisse des prix) avait déjà été faite en 2019. Le graphiste n’a d’ailleurs pas fait d’effort pour modifier le visuel.
Victime d’une gouvernance médiocre qui a conduit tour à tour à la création puis à la disparition de la banque postale, avec la disparition de l’épargne de nombreux Gabonais, la Poste gabonaise semble être condamnée à fournir un service considéré comme obsolète avec l’avènement d’Internet grand public en 1998.
Pourtant, avec Gabon Telecom et la SEEG, la Poste est une des rares entreprises publiques à posséder un réseau national qui lui aurait permis des innovations formidables, comme le transfert d’argent (ravi par Western Union puis Airtel Money), la réception des colis (ravi par DHL), la demande et l’envoi de documents administratifs, la livraison, voire même être un acteur majeur de l’e-commerce, et aussi la distribution du courrier porte à porte. Un projet dans ce sens avait été testé à Akanda… aucune des boîtes postales installées à coup de millions n’a jamais vu passer un facteur.
Être réduite à mettre les boîtes postales en avant en 2024 prouve à suffisance l’incapacité des nombreux dirigeants de la Poste, passés et actuels, à renouveler cette entreprise qui vit sous perfusion.
Pourtant, les exemples d’innovation dans la poste ne manquent pas en Afrique, près de nous et loin de la France où le bureau de poste est un véritable centre d’affaires de proximité.
À l’heure de l’intelligence artificielle et des données, la gouvernance de la Poste gagnerait à cesser ces visites inutiles et coûteuses des bureaux de poste dans le Gabon profond. Un WhatsApp ou un mail une réunion Zoom, suffisent pour savoir que les agents de la Poste à Akiéni n’ont pas la climatisation dans leurs bureaux, de même qu’un DG n’a pas besoin de se déplacer pour participer à un « état des lieux des bâtiments ». Il est difficile de croire qu’un tel management puisse conduire la Poste gabonaise vers la félicité, destination du moment.
