Affaire Michaella : Enquête bâclée et aveux extorqués sous torture, dénonce Stéphane Siadous

Torturés pendant quatre jours, placés à l’isolement total et menacés de mort par les agents de la Brigade de recherche et d’investigation (BRI)… Stéphane Siadou, père d’Erwan Siadou et oncle d’Anderson Nounamo, livre sa vérité. Outré par les méthodes peu orthodoxes utilisées par les enquêteurs, il affirme néanmoins vouloir, lui aussi, que justice soit rendue pour Michaella. 

L’affaire tragique du meurtre de Mlle NGOUA Michelle Dorothée continue de susciter l’indignation au Gabon, un an après l’incarcération des jeunes Erwan Bradyn Siadous et Christ Anderson Nounamo, âgés de 16 et 17 ans au moment des faits. Ce dossier, qui a fait couler beaucoup d’encre, est aujourd’hui au centre d’une vive controverse après la diffusion d’une vidéo du jeune Erwan. Si il n’a pas daigné prendre la parole depuis le début de cette affaire, le clan Siadou est sorti de son silence pour faire des graves révélations.  Ils accusent la BRI et la Télévision nationale d’avoir extorqués des aveux tronqués aux deux jeunes hommes. 

Des aveux obtenus sous la torture

Les circonstances de l’enquête menée par les forces de l’ordre laissent planer de sérieux doutes sur l’intégrité des aveux des deux adolescents. Erwan Siadous, l’un des accusés, a déclaré avoir été séquestré et torturé pendant quatre jours dans les locaux de la police judiciaire, un calvaire qui l’aurait poussé à faire de faux aveux pour échapper à la souffrance. Ce n’est que le cinquième jour, soit le lendemain de leurs aveux télévisés, que l’avocat a enfin pu rencontrer les enfants. Ces pratiques de torture ont été confirmées par son père, Stéphane Siadous, qui accuse la police d’avoir cédé à des pressions extérieures pour clore l’affaire rapidement.

Des droits fondamentaux bafoués

Durant la garde à vue, ni la famille ni l’avocat d’Erwan n’ont été autorisés à lui rendre visite, une violation flagrante des droits des enfants et des règles de procédure judiciaire. De plus, des pressions auraient été exercées sur la grand-mère d’Erwan, sa tutrice au moment des faits, pour qu’elle signe un procès-verbal d’aveux sous la menace, un acte qui jette une ombre sur la crédibilité de l’enquête.

Manipulation des preuves et intimidations

Des éléments troublants concernant la manipulation des preuves sont également apparus. La famille Siadous affirme que les enquêteurs auraient fait disparaître des vidéos de surveillance d’une pharmacie proche du lieu du crime, vidéos qui auraient pu innocenter les jeunes accusés. Ces images, pourtant récupérées par les officiers de police judiciaire, n’ont jamais été versées au dossier, soulevant des questions sur les véritables intentions des forces de l’ordre.

Caméra surveillance Pharmacie Sotega.

Un récit truqué et monté de toutes pièces

La version des faits présentée par Erwan devant les caméras, où il avouait sa culpabilité, serait en réalité un montage grossier, selon sa famille. Au cours de l’enregistrement, Erwan aurait refusé d’avouer un crime qu’il n’avait pas commis. Les agents présents auraient alors interrompu l’enregistrement pour le briefer sur ce qu’il devait dire. Ce n’est qu’après de multiples intimidations qu’Erwan a finalement cédé, livrant des aveux sous la pression.

Menaces de mort et vices de procédure

Les deux jeunes hommes auraient également été menacés de mort pendant leur garde à vue alors même qu’ils se faisaient torturer, s’ils ne passaient pas aux aveux, une méthode qui rappelle les heures les plus sombres de l’usage de la torture par les forces de l’ordre. Autre fait troublant, les agents ne se sont rendus sur la scène du crime que plusieurs jours après avoir obtenu les aveux forcés et bouclé l’enquête, remettant en cause la rigueur et l’objectivité de l’enquête.

La justice en question

Face à ces révélations accablantes, la juge d’instruction, qui a saisi l’affaire dès l’ouverture du dossier en raison des graves irrégularités constatées par la Brigade de Recherches et d’Investigations (BRI), a invalidé l’enquête préliminaire menée par les officiers de police judiciaire pour non-respect des droits des enfants et pour de multiples vices de procédure. Cette décision met en lumière les graves manquements observés dans cette affaire.

Une affaire qui fait éclater au grand jour les dérives du système judiciaire

L’affaire Siadous-Nounamo n’est pas seulement un scandale judiciaire ; elle révèle les dérives d’un système judiciaire qui, sous la pression et les influences extérieures, semble avoir perdu de vue ses principes fondamentaux. Le Gabon, en quête de justice et de vérité, doit tirer les leçons de ce fiasco.

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