L’affaire de la Société Gabonaise de Raffinage (SOGARA) a révélé des disparités flagrantes dans les peines prononcées par la justice gabonaise, soulevant des questions sur l’équité du traitement des accusés.
Noël Mboumba : Une clémence inattendue
Noël Mboumba, ancien Directeur général de la SOGARA, présenté comme l’un des principaux acteurs d’une présumée opération de détournement de fonds publics, peut se féliciter de s’en être sorti relativement indemne. Bien qu’acquitté pour le détournement de fonds publics en raison de l’impossibilité d’établir la nature publique de sa fonction, il a été reconnu coupable de blanchiment d’argent, corruption et abus de confiance aggravé. Malgré ces graves accusations, Noel Mboumba n’a été condamné qu’à 2 mois et 27 jours de réclusion criminelle, une peine jugée trop clémente par l’assistance. En outre, il a reçu une amende de 10 millions FCFA et devra céder plusieurs biens, y compris une villa à Port-Gentil et plusieurs véhicules.
Cette sentence légère contraste avec le sérieux des charges retenues contre lui, laissant certains se demander si son attitude coopérative et les circonstances atténuantes invoquées n’ont pas indûment influencé la décision du tribunal.
Christian Patrichi Tanasa : une peine sévère
À l’opposé, Christian Patrichi Tanasa, également ancien directeur général de la SOGARA, a été lourdement sanctionné malgré son acquittement pour les faits de détournement de fonds publics. Tanasa a été reconnu coupable de corruption et de blanchiment de capitaux. Il a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle, dont 4 ans et 6 mois ferme, et à une amende de 10 millions FCFA. La Cour criminelle spécialisée a ordonné la confiscation de sa maison à Okala Rivière, d’un véhicule Toyota Land Cruiser, ainsi que des sommes présentes sur ses comptes bancaires, considérées comme provenant de la corruption.
Tanasa, qui a maintenu sa défense avec dignité tout au long des trois jours de procès, a vu ses déclarations initiales confirmées, mais cela n’a pas suffi à atténuer la sévérité de la sentence. Les observateurs ont noté l’incohérence entre la peine sévère de Tanasa et la clémence accordée à Mboumba, ce qui a renforcé les perceptions d’une justice à deux vitesses.
Injustice Perçue et Réactions
Ces décisions de justice illustrent un contraste saisissant et ont suscité des réactions mitigées. D’un côté, Noël Mboumba semble avoir bénéficié d’une indulgence inhabituelle, malgré des accusations graves. De l’autre, Christian Patrichi Tanasa a été sévèrement puni, renforçant l’idée que la justice gabonaise peut parfois être arbitraire et influencée par des facteurs externes.
Les disparités dans les peines infligées à Mboumba et Tanasa pourraient bien alimenter le débat public sur la nécessité de réformes pour garantir une justice véritablement impartiale.