L’affaire Sogara, liée à l’opération Scorpion, révèle des pratiques troublantes au sein de l’appareil judiciaire gabonais. Le témoignage récent de Noël Mboumba, ancien ministre des hydrocarbures impliqué dans cette opération, révèle les failles d’une justice instrumentalisée par des intérêts politiques.
Le 12 mars 2020, Noël Mboumba, fraîchement libéré après trois mois d’incarcération, avait déclaré : « S’agissant des faits qui me sont reprochés, je tiens à préciser à l’opinion que j’ai reconnu avoir exécuté des instructions malveillantes de la part des personnes qui ont profité de leur position dominante pour me conduire à poser des actes contraires à la loi. » Cette déclaration, suspectée d’avoir été obtenue en échange de sa mise en liberté provisoire par la Young Team, avait suscité de vives réactions.
Le 30 mai 2024 soit 4 ans plus tard, devant la cour criminelle spécialisée, Noel Mboumba a confirmé que ses procès-verbaux étaient dictés par la juge d’instruction. Il a révélé que, lors de ses auditions post-arrestation, il était contraint d’incriminer certaines personnes, notamment BLA, et de disculper d’autres, comme Noureddin Bongo Valentin et Ali Bongo Ondimba. Ces révélations renforcent les soupçons d’une justice manipulée pour des objectifs politiques.
Libéré après seulement trois mois de détention, Noël Mboumba avait annoncé lors d’une conférence de presse que sa libération était conditionnée à des « garanties de représentation ». Cette libération rapide contraste avec le sort de ses co-accusés dans l’opération Scorpion, qui ont passé près de cinq ans en prison. Cette disparité alimente les soupçons d’un traitement de faveur en échange de son témoignage incriminant.
Les déclarations de l’ancien ministre des hydrocarbures, particulièrement celles accusant BLA de préparer un coup d’État, avaient déjà suscité une vive polémique en mars 2020. Ses récentes révélations sur les manipulations judiciaires renforcent l’idée d’une justice instrumentalisée par des intérêts politiques.
L’affaire Noël Mboumba et SOGARA jette un regard froid sur les dérives potentielles de la justice gabonaise, accusée d’être instrumentalisée pour des fins politiques. Les témoignages et les faits rapportés laissent croire à une manipulation flagrante de l’appareil judiciaire. Il est impératif de prendre des mesures pour garantir l’indépendance et l’équité de la justice gabonaise afin de prévenir de telles situations à l’avenir. Alors que le pays est engagé dans un vaste chantier de restauration des institutions, il serait judicieux que l’appareil judiciaire s’inscrive dans cette droite fil. Les gabonais méritent un système judiciaire transparent, impartial, et à l’abri des influences politiques et des manipulations.