Justice Gabonaise : Une Institution encore Loin d’être restaurée

Alors que les autorités de la transition annonçaient il y a un an la restauration des institutions du pays, la justice gabonaise semble toujours loin de cet idéal. La récente affaire de la libération provisoire de deux jeunes présumés meurtriers relance le débat sur l’impartialité et l’efficacité de l’appareil judiciaire au Gabon. Malgré les déclarations fermes du ministre de la Justice, Paul-Marie Gondjout, la réalité des faits laisse à penser que la restauration de l’institution judiciaire n’est pas encore une réalité tangible.

Ce 27 aout 2024, le ministre de la Justice a vivement réagi à une vidéo virale montrant l’un des présumés meurtriers, en liberté et se pavanant en France, loin du Gabon. Cette vidéo a provoqué l’indignation générale de la communauté nationale, choquée de voir les assassins présumés de Michaëla Dorothée Ngoua, une jeune fille brutalement violée et assassinée le 8 août 2023 à Libreville, échapper à la justice gabonaise. Les deux jeunes, Erwan Bradyn Siadous Rapono et Christ-Anderson Nounamo, âgés de 16 et 17 ans au moment des faits, avaient pourtant publiquement reconnu leurs actes odieux sur les ondes de Gabon 1ère.

En réponse à cette situation troublante, Paul-Marie Gondjout a ordonné au Procureur général de la Cour d’appel de Libreville de prendre des mesures immédiates pour ramener les deux jeunes accusés en détention et faire toute la lumière sur la décision controversée de leur mise en liberté provisoire, survenue seulement quatre mois après leur incarcération initiale. La question se pose alors : comment une telle décision a-t-elle pu être prise par une justice supposée en pleine restauration?

Il apparaît que les deux présumés coupables ont bénéficié d’une mesure de liberté provisoire accordée par le juge d’instruction le 22 décembre 2023, une décision qui avait été immédiatement contestée par le Parquet de la République. Pourtant, contre toute attente, la Chambre d’accusation de la Cour d’appel judiciaire de Libreville a confirmé cette ordonnance de mise en liberté provisoire le 25 avril 2025. Cette confirmation est perçue par beaucoup comme un acte de défiance envers les efforts de réforme de l’institution judiciaire gabonaise.

Devant ce qui semble être un flagrant affront à la justice et à la mémoire de la victime, le ministre de la Justice a exigé non seulement la réincarcération immédiate des deux jeunes, mais aussi une enquête approfondie de l’Inspection générale des services judiciaires pour déterminer les éventuelles responsabilités individuelles dans cette décision scandaleuse. Il a insisté sur la nécessité d’appliquer des mesures disciplinaires avec la plus grande rigueur, mais ces ordres seront-ils suffisants pour restaurer la confiance dans une institution judiciaire qui peine à se réformer?

L’affaire met en lumière les dysfonctionnements persistants au sein de la justice gabonaise, malgré les efforts annoncés par les autorités de transition. La justice, censée être un pilier de l’État de droit, semble ici compromise par des décisions qui défient la logique et l’éthique. Pour beaucoup, la libération provisoire de ces présumés coupables est une preuve de plus que l’institution judiciaire du Gabon a encore un long chemin à parcourir pour regagner la confiance des citoyens et assurer une véritable justice pour tous.

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