« Plus de 2 500 recrutements en deux mois à la Fonction publique », c’est le titre choisi par notre confrère Gabonreview pour vanter le recrutement en un temps record de nouveaux agents de la fonction publique gabonaise.
Un bilan à l’actif de la junte au pouvoir. Pourtant, ce chiffre donné par le ministère de la Fonction publique ne représente que 2,08% de l’ensemble des demandes d’emplois en cours d’instruction dans ce ministère depuis l’arrivée au pouvoir des militaires.
Au sujet du populisme, Michel Onfray déclarait : « Le populisme est le plus dangereux des narcotiques, le plus puissant des opiums pour endormir et anéantir l’intelligence, la culture, la patience et l’effort conceptuel. » Suggérer que la fonction publique d’État a vocation à absorber tous les demandeurs d’emploi du pays, c’est au mieux du populisme, au pire de l’irresponsabilité du fait du caractère impossible de la démarche. Car, fort de ses 103 000 fonctionnaires, la fonction publique gabonaise est en effectif pléthorique pour un résultat médiocre.
En déclarant sur la télévision publique que les effectifs de la fonction publique étaient de 58 000, le ministre de la fonction publique a provoqué une polémique car il a donné des chiffres contraires à ceux du dernier recensement prétendument biométrique de la fonction publique.
Cependant, qui peut dire où sont affectés ces 103 000 fonctionnaires quand dans certains établissements, des milliers d’élèves terminent le collège, soit de la 6e en 3e, sans professeurs de mathématiques ?
Sous un autre plan, le chiffre de 103 000 fonctionnaires au Gabon est régulièrement mais discrètement remis en cause par les bailleurs de fonds. Pour ces derniers, il s’agirait de chiffres fantaisistes, ce qui laisse à penser que la fonction publique d’État est pleine d’agents fantômes.
En 2021, le nombre de fonctionnaires était passé de 97 781 à 100 295, soit une hausse de 3,6% en 12 mois. La hausse de 2,08% du nombre de fonctionnaires en deux mois seulement répond-elle à une volonté d’efficacité ou de populisme ? Au Ministère de la fonction publique, on répond que oui.
Espérons alors pour les écoliers du Gabon que parmi ces 2 500 nouveaux agents se trouvent les professeurs de mathématiques et d’autres matières qui font cruellement défaut dans les établissements scolaires publics.