Tout juste après avoir changé de dénomination le patronat gabonais veut reprendre la main sur la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Les signataires de la fédération des entreprises gabonaises (FEG) ont au cours de leur assemblée générale tenue le 10 octobre dernier, exprimé au premier ministre, leur souhait de reprendre la gestion de la CNSS, et ce malgré une dette cumulée de 150 milliards de Fcfa en vers l’organisme de sécurité sociale.
En mission de redressement Christophe Eyi, l’administrateur provisoire de la CNSS devrait rendre son tablier dans huit mois. A l’approche de cette échéance et après le vœu formulé par les acteurs du privé, plusieurs interrogations méritent d’être posées avec acuité. La gestion de l’organisme de sécurité sociale va-t-elle échoir au secteur privé? A contrario, l’Etat va-t-il mettre en place de nouveaux mécanismes pour relancer la machine?
Si pour l’heure il est difficile d’y répondre, la volonté du FEG de reprendre la main sur la CNSS pose un vrai dilemme. Peut-on laisser aux mains du patronnât la gestion des prestations sociales malgré la volonté affichée de redresser l’organe en charge du paiement des pensions, lorsqu’on sait que le secteur privé est au même titre que les précédents gestionnaires, responsable de la crise qui sévit au sein de la Caisse.
Si les gestions scabreuses des précédents dirigeants, marquées par la gabegie et une série de détournement ont longtemps été servis comme causes du mal-être de la CNSS, il n’en demeure pas moins que le non paiement des cotisations par le privé l’est tout autan en dénote l’énorme montant dû par ce secteur.
Pourtant, du côté du FEG, l’on croit dur comme fer que l’Etat a lamentablement échoué et que la gestion de la CNSS devrait être faite par ceux qui ont la responsabilité de payer. « C’est une règle de bonne gouvernance. Nous avons effectivement souhaité que les organismes de sécurité sociale soient gérés selon les règles de la Conférence interafricaine de prévoyance sociale. En d’autres termes, c’est nous qui payons. Nous pensons donc que nous devons gérer cette institution et que l’État doit rester dans son rôle de régulateur et de contrôleur de l’action », a indiqué le président de la FEG, Henri-Claude Oyima.
Une déclaration qui a suscité plusieurs réactions positives du côté des partenaires sociaux. « C’est avec une joie immense, que la coalition des syndicats la CNSS a accueilli la déclaration du patronat, qui sonne comme la fin annoncée de la récréation. En effet, Henri Claude Oyima, le président de la Fédération des entreprises du Gabon (FEG) ex- Confédération patronale gabonaise (CPG) a fortement suggéré lundi que la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) soit dorénavant dirigée par le secteur privé comme prévu par les textes de la Conférence interafricaine de prévoyance sociale (Cipres). L’heure est désormais, au grand ménage, dans les rangs des travailleurs, en prévision de cette future gestion paritaire annoncée », s’est réjoui le porte-parole de la coalition, Jocelin Louis Ngoma, selon les propos recueillis par le quotidien gabonais l’Union.