Le 1er septembre 2015, le magazine Jeune Afrique publiait une longue enquête intitulée « Gabon : le poison xénophobe », déclarant qu’à Libreville, il n’est pas agréable d’être identifié comme « étranger », et que posséder un certificat de nationalité ou être né dans le pays ne protège pas toujours contre la vindicte populaire. L’enquête mettait en lumière un malaise.
Vingt jours plus tard, le même magazine publiait une tribune de Franck Idiatta, un intellectuel gabonais, qui commençait ainsi : « Non, les Gabonais ne sont pas racistes ! Non, les Gabonais ne sont pas xénophobes. » Dans cette tribune, Franck Idiatta ne niait pas l’existence de la xénophobie, mais précisait simplement que les actes perpétrés par un parti politique, qu’il soit officiellement reconnu ou non, n’engagent pas le peuple ni l’ensemble de la classe politique du pays. Il en va de même pour les propos tenus individuellement, en dehors des canaux officiels, par un responsable politique, qu’il soit de l’opposition ou au pouvoir. Ces propos n’engagent que ce responsable individuellement et non l’ensemble du peuple gabonais.
En effet, le Gabon n’est pas un pays xénophobe, s’il en existe d’ailleurs, mais il y a des xénophobes au Gabon, et malheureusement, ces derniers se font trop entendre ces derniers jours.
La légitimation de ces discours violents par certains médias au nom d’un prétendu combat politique soulève des questions sur la régulation des médias au Gabon. Il est bon d’exiger des médias une carte de presse que aucun organisme officiel ne délivre depuis 10 ans, mais il est encore mieux de réguler les contenus qui contribuent, à l’instar de Radio Mille Collines, à la destruction de la cohésion.