LA REDEVANCE MINIÈRE PROPORTIONNELLE AU CŒUR DE L’ARRESTATION DE LACCRUCHE ALIHANGA

Trois temps sont cités dans l’arrestation de Brice Laccruche Alihanga, la Redevance Minière Proportionnelle (RPM), le commando français invité à Libreville, en 2018 par l’ex porte-parole de la présidence de la République, Ike Ngouoni Aila Oyouomi et Dupont Consulting Co, une société de conseil appartenant à Grégory Laccruche Alihanga.

21 milliards de FCFA par mois, 252 milliards de FCFA par an, le rêve sur cette manne que devait rapporter la Redevance Minière Proportionnelle vire au cauchemar pour certains hauts responsables du pays.

Le 16 octobre 2019, le gouvernement a indiqué aux sociétés minières et pétrolières, l’instauration du paiement « en nature » de la Redevance Minière Proportionnelle (RMP). L’impôt devait être payé annuellement « en volumes de pétrole et de minerai brut» et non plus en devises comme autrefois, et Gabon Oil Company et la Société Equatorial des Mines devaient se charger de les revendre.

Selon la Lettre du Continent N° 810 du 23 octobre 2019, cette RMP devait rapporter au Gabon quelques 600 000 barils de brut par mois, soit 21 milliards de FCFA et 252 milliards de FCFA chaque année.

Attirée par l’odeur de cette manne, la direction générale de recherches (DGR), et la Direction Générale de Contre-Ingérences et de la Sécurité Militaire (B2), ont lancé une opération anticorruption.

Les enquêteurs ont d’abord convoqué Renaud Allogho Akoué et François Engonga Owono, respectivement directeurs de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS) et de la Caisse des pensions et des Prestations familiales des agents de l’Etat (CPPF). Ce sont ces deux entreprises qui devaient hériter des sommes issues de la RMP.

Patrichi Christian Tanasa et Ismaël Ondias Souna ex-directeur généraux de Gabon Oil Company (GOC) et de la Société Equatorial des mines (SEM) ont ensuite été auditionnés.

La GOC et la SEM étant les deux entreprises qui devaient revendre la contribution en nature des sociétés pétrolières et minières installées au Gabon. C’était selon le confrère Lettre du Continent.

11 responsables principalement de Gabon Oil Marketing et de la Société Gabonaise de Raffinage (Sogara), ont ensuite été interrogés, puis arrêtés.

Entre temps, le ministre du Pétrole, Noel Mboumba, a fait machine arrière pour annoncer aux compagnies pétrolières et minières que la RPM a été annulée. C’était le 26 novembre 2019, trois semaines après son instauration.

Le 2 décembre 2019, Noël Mboumba et le ministre chargé du Suivi de la stratégie des investissements humains et des objectifs de développement durable, Brice Laccruche Alihanga, ont été démis de leurs fonctions

L’arrivée d’un commando français à Libreville est également évoquée dans l’affaire anticorruption. En 2018, l’ex porte-parole de la présidence de la République, Ike Ngouoni Aila Oyouomi, a fait venir au Gabon onze vétérans des forces spéciales françaises. Selon La Lettre du Continent N°813 parue ce 4 décembre 2019, Brice Laccruche Alihanga a discuté avec Stephan Privat, le patron de ces vétérans. Et ces vétérans ont renforcé les capacités de certains agents du service d’ordre de l’ancien directeur de cabinet du président de la République.

La société de conseil Dupont Consulting Co, créée il y a deux ans et appartenant à Gregory Laccruche Alihanga, maire de la commune d’Akanda, a aussi attiré les enquêteurs. Cette société a bénéficié de plusieurs contrats avec les administrations gabonaises.

Julien Engonga Owono, ancien directeur financier de l’Office des ports et rades du Gabon (Oprag), de 2017 à 2019, a aussi été interrogé dans le cadre de cette opération anticorruption. L’Oprag étant dirigé par Landry Régis Laccruche Lelabou, qui est le frère aîné de Brice Laccruche Alihanga.

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