Lors d’une récente conférence de presse tenue par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), Aminata Ondo, soutenue par d’autres membres de la société civile, a proféré des propos profondément préoccupants sur la question des bi-nationaux. En qualifiant certains compatriotes de « non-Gabonais normaux », ses déclarations révèlent un discours dangereux, empreint de discrimination et contraire aux valeurs de vivre ensemble qui devraient prévaloir dans notre société.
Une Rhétorique Irréfléchie et Discriminatoire
Au cours de cette conférence, Aminata Ondo a soutenu qu’il était inconcevable qu’un bi-national puisse accéder à la présidence. En affirmant qu’être un « vrai Gabonais » signifie être né de deux parents gabonais, elle a non seulement ignoré la richesse de la diversité culturelle et ethnique du Gabon, mais a également réduit l’identité nationale à une définition étroite et excluante. Ses propos, teintés d’émotion et de préjugés, rappellent l’alarme tirée par le gouvernement sur le caractère potentiellement incitatif à la haine de tels discours.
Selon elle, « un Gabonais normal c’est quelqu’un qui est né de père et de mère Gabonais. Tous les Gabonais l’ont accepté. Nous disons que pour la fonction de Président de la République, il faut un vrai Gabonais de père et de mère y compris ses grands parents. On ne peut pas vendre un pays et le mettre aux mains des binationaux »
Les Dangers d’un Discours Sélectif
En assignant des « grades » de nationalité aux Gabonais, Ondo perpétue l’idée que certains citoyens seraient plus légitimes que d’autres. Une telle vision crée des fractures au sein de la société, encourageant la stigmatisation et la marginalisation des Gabonais issus de l’immigration ou du métissage. Dans un contexte où l’unité est cruciale pour le développement d’une nation, de tels propos peuvent avoir des conséquences dévastatrices. L’histoire nous enseigne que les discours extrêmes, qui semblent inoffensifs au départ, peuvent mener à des conflits graves, comme l’a démontré le Rwanda avec la tragédie de Radio Mille Collines.
Vers une Prise de Conscience Nécessaire
Les déclarations d’Aminata Ondo soulèvent des questions fondamentales sur notre conception de la citoyenneté et de l’identité nationale. Au lieu de favoriser un climat de division, il est impératif de promouvoir un discours inclusif qui célèbre la diversité du Gabon et reconnaît la valeur de chaque citoyen, quelle que soit son origine. L’incitation à la haine et à l’intolérance n’a pas sa place dans notre société. Au contraire, il nous faut bâtir un Gabon où chacun, peu importe son héritage, peut se sentir pleinement intégré et respecté. La responsabilité revient à chaque citoyen, mais aussi aux leaders d’opinion, de s’opposer fermement à ces discours dangereux qui menacent l’harmonie et la paix sociale.