Dans une lettre ouverte récemment publiée sur les réseaux sociaux, le Syndicat national des greffiers du Gabon (SYNAGREF) et le Syndicat des greffiers du Gabon (SGG) ont dressé un réquisitoire cinglant contre Paul Marie Gondjout, ministre de la Justice, Garde des sceaux. Co-signée par leurs présidents respectifs, Christ Ndong et Henry Thytis Moréty, cette missive dénonce l’inaction et le manque de réactivité du ministre au cours de l’année judiciaire écoulée, marquée selon eux par des promesses non tenues et un désintérêt flagrant pour les revendications socio-professionnelles des greffiers.
Des promesses non tenues, un climat de travail dégradé
Les greffiers, visiblement à bout de patience, pointent du doigt l’absence totale d’avancées significatives dans leurs revendications, malgré des engagements répétés du ministre de la Justice. «Nous vous tiendrons sans ambivalence pour responsable quant au dysfonctionnement du service public de la justice et à la détérioration du climat de travail qui prévaudrait les jours à venir», ont-ils averti.
Le constat est amer. Les espoirs d’un dialogue constructif avec leur tutelle se sont effondrés, comme le soulignent les leaders syndicaux : «Aujourd’hui, monsieur le ministre, nos espoirs se sont étiolés, notre joie et notre confiance se sont effondrées, nos rêves de voir une équité pour tous les acteurs dans la maison justice se sont envolés, ne laissant rien que nos plumes et plumitifs pour les notes d’audiences.»
Un mépris envers le corps des greffiers ?
Les griefs des syndicats ne s’arrêtent pas là. Ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme un mépris systématique envers le corps des greffiers, notamment à travers la non-tenue de la Commission administrative paritaire (CAP), pourtant exigée par la loi 20/93 du 27 août 1993. Cette commission, qui joue un rôle clé dans la gestion des carrières et des affectations, aurait été ignorée, ouvrant ainsi la porte à des «tripatouillages» dans les récentes affectations et mutations au sein du corps des greffiers. Les syndicats réclament d’ailleurs l’annulation de ces décisions, qu’ils jugent contraires à la procédure légale.
Le sentiment d’injustice est renforcé par le fait que, malgré un reclassement partiel des greffiers obtenu grâce à l’intervention du chef de l’État, plusieurs revendications majeures restent sans réponse. Il s’agit notamment de la restauration de la Direction des greffes en une Direction générale, ainsi que l’adoption d’un statut particulier pour les greffiers, dont l’absence contribue à maintenir ces derniers «au bas de l’échelle».
Un climat de travail et de collaboration sous tension
Les syndicats craignent que ces frustrations accumulées ne finissent par dégrader de manière irréversible le climat de travail au sein des juridictions. «Les pratiques discriminatoires, les injustices et le mépris à notre égard risquent de mettre à mal le climat de travail et de collaboration dans les juridictions», ont-ils prévenu.
Ils interpellent donc directement le ministre de la Justice, l’accusant de s’être engagé à bloquer les réformes constructives susceptibles d’améliorer leur situation professionnelle. «Monsieur le ministre, l’ensemble des greffiers du Gabon aimerait savoir pourquoi vous avez pris sur vous l’engagement de surseoir aux réformes constructives et qui maintiennent les greffiers au bas de l’échelle ? Dites-nous !?», s’interrogent-ils.
Des exigences claires pour un avenir meilleur
Face à ce qu’ils perçoivent comme une dégradation continue de leurs conditions de travail, les greffiers formulent plusieurs exigences. Parmi celles-ci, la restauration immédiate de la Direction des greffes, érigée en une Direction générale, et l’adoption sans délai du texte de loi portant sur le statut particulier des greffiers. Des réformes qu’ils jugent indispensables pour améliorer leurs conditions de travail et rétablir l’équité au sein du système judiciaire gabonais.