SEEG : Jeannot Kalima, Mays Mouissi et Charles Mba impliqués dans un scandale financier de 13 milliards de FCFA ?

Depuis la prise de pouvoir par les militaires, de nombreuses décisions ont été annoncées avec pour objectif de redresser un pays en proie à des années de gestion chaotique. Pourtant, derrière les discours et les promesses, les faits révèlent une réalité bien moins reluisante. Le cas de Joël Lehmann Sandoungout, ancien Directeur Général de la SEEG (Société d’Énergie et d’Eau du Gabon), en est un exemple frappant.

Intercepté à l’aéroport de Libreville le 26 septembre dernier alors qu’il tentait de quitter le territoire, Sandoungout a été placé en garde à vue et interrogé dans le cadre des enquêtes menées sur la gestion douteuse de la SEEG. Durant son audition, il aurait nommément accusé trois membres influents du gouvernement de Transition : Jeannot Kalima, ministre de l’Énergie, Mays Mouissi, ministre de l’Économie, et Charles Mba, ministre du Budget. Ces derniers seraient impliqués dans la signature controversée d’un contrat avec l’entreprise turque Karpowership, pour la location d’une centrale flottante censée produire 150 MW d’électricité afin de résoudre les coupures récurrentes dans le Grand Libreville.

Le contrat, évalué entre 12 et 13 milliards de FCFA par mois, suscite aujourd’hui de nombreuses interrogations. Comment une telle somme a-t-elle pu être validée alors que la société para-étatique accumulait déjà des défaillances dans la fourniture de l’électricité et de l’eau ? L’ancien DG de la SEEG a confié lors de son interrogatoire qu’il aurait signé cet accord sous la pression de ces ministres, dans des circonstances opaques, sans informer la présidence des détails de l’opération, a-t-on appris de nos confrères de Depeches241.

Cette affaire met révèle les profondes failles de la gouvernance actuelle. Derrière le masque de la transition, des acteurs politiques continuent d’agir selon leurs propres intérêts, loin des attentes des citoyens. Les dysfonctionnements dans la gestion de la SEEG, avec des coupures d’électricité incessantes et un service d’eau lamentable, illustrent parfaitement cette incapacité à placer l’intérêt général au centre des priorités.

Plus inquiétant encore, ces révélations posent la question de la responsabilité de l’ensemble du gouvernement de Transition. Si trois ministres sont directement impliqués dans des transactions douteuses avec une société étrangère, qu’en est-il de la sincérité des efforts annoncés pour sortir le Gabon de l’impasse ? L’enquête en cours devra faire toute la lumière sur cette affaire, mais il est d’ores et déjà évident que l’administration actuelle a encore beaucoup à prouver.

Le peuple gabonais, longtemps asphyxié par des scandales de corruption et de mauvaise gestion, mérite enfin des dirigeants capables d’incarner la transparence et l’intégrité.