Dans une interview qu’il a accordé le 7 août 2019, à la presse, le directeur du développement du groupe Averda, Nicolas Achkar, reconnaît sans vouloir le dire que son entreprise remplit les missions qui lui ont été assignées à moitié. Le constat dressé par tout le monde contre Averda ne souffre d’aucune contestation.
« Avant tout, nous respectons le contrat qui autorise la collecte des déchets, le transfert à la décharge de Mindoubé et le nettoiement », a déclaré Nicolas Achkar au cours de l’entretient.
En parlant de ‘’nettoiement’’, Nicolas Achkar insinue le balayage des rues, le nettoyage des bassins versants et le curage des caniveaux, comme il est stipulé dans le cahier de charge du contrat qui lie le gouvernement à Averda. Dans les faits, est-ce le cas ?
On serait tenté de dire non. Les faits parlent d’eux-mêmes.
Au début du mois de juillet 2019, une centaine de militaires et plusieurs civils s’étaient déployés sur 3 km des côtes de Libreville pour ramasser des ordures et déchets qui pullulent nos plages. Le constat était ahurissant avec 35 mètres cubes de bouteilles en plastique et de canettes en aluminium, ainsi que 20 mètres cubes de macrodéchets de toutes sortes rejetés par la marée avaient été ramassés. Tâche qui incombe, selon son contrat, à Averda et non pas aux éléments des forces françaises au Gabon.
S’agissant de la propreté de nos caniveaux, le constat est le même. « Les constats faits aujourd’hui démontrent qu’il y a un manque de régularité des opérations de nettoyage, aussi qu’il y a certaines prestations qui ne sont plus réalisées et qui contribuent fortement à la dégradation de la qualité de vie des populations des quartiers visités… Rappelons quand même que les déchets dans les caniveaux, dans les bassins versants sont vecteurs de maladie et qu’on expose les populations à des risques sanitaires, des intoxications alimentaires », avait déclaré le Haut-Commissaire à l’Environnement et du Cadre de vie (HCECV), Yannick Georges Sonnet Ongonwou, lors d’une descente de terrain le 3 juillet 2019.
Les caniveaux ainsi que les bassins versants non-entretenus sont synonyme d’obstruction de l’évacuation d’eau et donc d’inondation. Fort de ce constat, Le ministère de l’Équipement, des Infrastructures et des Travaux publics a initié le 1er août 2019, une opération dénommée « ASSAINISSEMENT 2019 » dans les communes de Libreville, Akanda et Owendo, qui consiste à la réalisation de travaux de curage de caniveaux, de lits de rivière et d’assainissement de façon générale pour palier aux défaillances du sous-traitant de la société Clean Africa.
«Averda ne s’occupe que de la collecte des ordures ménagères et pas de ses deux autres missions qui sont l’entretien des bassins versants et le curage des caniveaux alors qu’elle est payée chaque mois à hauteur de 400 – 500 millions de FCFA pour la totalité des prestations. Ce qui n’est pas normal », avait déjà dénoncé le maire de Libreville, Léandre Nzué.
Admettant qu’il y a eu des dysfonctionnements quant au règlement de la dette contractée auprès d’Averda, l’Etat assure qu’un dialogue permanent avec la structure existe et que des efforts ont été consentis dont le paiement de plusieurs milliards sur le dernier trimestre. Malgré l’annonce surprise de cessation d’activité, à quelques jours de la fête nationale, l’Etat a assuré qu’une solution de ramassage d’urgence était déjà en place afin de protéger la santé de ses citoyens.
Maxime OWONO